Page Précédente

Noël au Moyen-Orient: crainte d'attentats en Irak, discrétion en Arabie


Vendredi 24 decembre 2010 à 15h15

BAGDAD, 24 déc 2010 (AFP) — Les chrétiens du Moyen-Orient s'apprêtaient vendredi à célébrer Noël, certains dans la crainte de nouveaux attentats contre leur communauté, comme en Irak, et d'autres dans la plus grande discrétion, comme en Arabie saoudite.

En Irak, les messes ont été annulées dans la quasi-totalité des cas vendredi et auront lieu samedi matin pour des raisons de sécurité, à la suite de menaces d'Al-Qaïda contre la communauté chrétienne.

Les mesures de sécurité ont été renforcées, avec notamment des murs de protection et la présence de soldats et policiers supplémentaires près des églises, pour éviter la répétition du massacre du 31 octobre, lorsqu'un commando d'Al-Qaïda avait tué en pleine messe à Bagdad 44 fidèles et deux prêtres.

"Nous vivons aujourd'hui en Irak une expérience douloureuse, dont le summum a été le massacre de la cathédrale Notre-Dame du perpétuel secours (lieu du massacre du 31 octobre, ndlr) et qui a bouleversé tant les chrétiens que les musulmans, mais nous devons être persévérants", a déclaré vendredi Mgr Louis Sako, évêque de Kirkouk, une ville du nord de l'Irak.

Il y a deux semaines, le Conseil des églises d'Irak, qui réunit toutes les communautés chrétiennes, a décidé que Noël se limiterait, "pour des raisons de prudence et de tristesse, à une fête spirituelle".

Les messes de minuit auront seulement lieu normalement au Kurdistan irakien (nord), où les attentats sont rares. A Erbil notamment, la présidence du Kurdistan a distribué des cadeaux aux enfants des familles ayant fui le reste de l'Irak.

Sur les 800.000 à un million de chrétiens qui vivaient en Irak avant l'invasion américaine de 2003, il n'en reste plus que la moitié, selon l'ONU, et l'exode se poursuit.

En Arabie saoudite, où la pratique de toute religion autre que l'islam est interdite, Noël se faisait aussi très discret.

Les chrétiens pouvaient toutefois s'approvisionner en dindes dans certains supermarchés de Ryad, pris d'assaut vendredi matin par les membres de la communauté philippine, en majorité chrétienne et qui représente plus d'un million de personnes dans le royaume.

"J'ai mis des lanternes de Noël dans mon appartement et j'ai fabriqué un arbre de Noël (...) car vous ne pouvez pas en acheter en Arabie saoudite", explique Valentin, un employé philippin.

Quelques services religieux auront lieu, mais dans une extrême discrétion. Le géant pétrolier saoudien Aramco, qui emploie des milliers d'employés non-musulmans, a autorisé des services dans ses sites ultra-sécurisés.

Mais pour la majorité des chrétiens, Noël sera comme n'importe quel autre jour puisque samedi correspond au premier jour de la semaine dans le royaume saoudien.

Dans les autres monarchies du Golfe, les grands centres commerciaux étaient ces derniers jours particulièrement animés avec une clientèle portée sur les articles de décoration et cadeaux de Noël.

En Terre sainte, le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, présidera la messe de minuit à Bethléem, en Cisjordanie.

Israël a décidé d'accorder des permis spéciaux aux chrétiens palestiniens des Territoires occupés et de Gaza afin de leur permettre de se rendre à Bethléem ou de visiter leurs familles installées dans des zones où ils ne peuvent pas habituellement accéder.

Au Liban, l'un des rares pays de la région où les chrétiens jouissent d'une liberté de pratique totale, Noël transcende toutes les communautés religieuses. Le sapin trône d'ailleurs dans le salon de beaucoup de familles musulmanes.

En Syrie, les grands axes commerciaux de la capitale Damas se sont transformés en une grande vitrine de Noël où les jouets côtoient les habits du père Noël et les confiseries.

En Egypte, la communauté copte, qui se plaint régulièrement de discriminations, fête dans sa grande majorité Noël début janvier, selon le calendrier julien.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.