Page Précédente

Nobel de la Paix: l'Iran dénonce une décision "partiale et politique"


Vendredi 6 octobre 2023 à 20h26

Téhéran, 6 oct 2023 (AFP) — L'Iran a vivement critiqué vendredi l'attribution du prix Nobel de la Paix à la militante iranienne emprisonnée Narges Mohammadi, qualifiant ce choix de "politique et partial".

"Nous constatons que le Comité Nobel a attribué le Prix de la Paix à une personne reconnue coupable de violations répétées des lois et qui a commis des actes criminels", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanani, dans un communiqué.

"Nous condamnons une décision partiale et politique", a ajouté M. Kanani, en soulignant que "des affirmations erronées ont été diffusées au sujet des développements en Iran dans la déclaration du Comité".

Il a dénoncé un "acte politique et interventionniste, impliquant certains gouvernements européens".

Selon lui, l'attribution du prix "s'inscrit dans la continuité des pressions exercées par des milieux occidentaux contre l'Iran".

La remise du prix à la militante, emprisonnée depuis avril 2022, a également été critiquée par des médias locaux.

Pour l'agence de presse officielle IRNA, le comité Nobel a récompensé "une femme ayant collaboré avec des groupes terroristes" et "inconnue dans son propre pays, en particulier parmi les femmes iraniennes", dans l'objectif de "politiser le concept des droits humains".

L'agence de presse Tasnim a également décrit Mme Mohammadi comme une "condamnée" ayant commis des activités "subversives".

La militante et journaliste âgée de 51 ans est récompensée "pour son combat contre l'oppression des femmes en Iran et sa lutte pour la promotion des droits humains et la liberté pour tous", a déclaré la présidente du comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen.

Vice-présidente du Centre des défenseurs des droits de l'Homme fondé par Shirin Ebadi, elle aussi prix Nobel en 2003, Narges Mohammadi a ces dernières 25 années été plusieurs fois condamnée et emprisonnée pour son engagement contre le voile obligatoire pour les femmes et contre la peine de mort.

L'Iran a connu l'an dernier un vaste mouvement de contestation déclenché par la mort d'une jeune femme kurde iranienne de 22 ans, Mahsa Amini, après son arrestation à Téhéran pour non respect du strict code vestimentaire imposé aux femmes.

Narges Mohammadi a exprimé son soutien au mouvement.

Contrairement aux médias locaux conservateurs en Iran, certaines voix iraniennes ont apporté leur soutien à Mme Mohammadi, comme l'actrice Taraneh Alidoosti, arrêtée en janvier avant d'être libérée trois semaines plus tard.

"La liberté viendra avec toi, chère Narges, une femme comme toi n'a pas sa place en prison", a-t-elle déclaré.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.