
Jeudi 13 novembre 2025 à 20h45
Paris, 13 nov 2025 (AFP) — Des peines allant de trois à quinze ans de prison ferme ont été requises par le parquet jeudi à Paris à l'encontre de huit hommes afghans et kurdes irakiens accusés d'être les "passeurs" à l'origine d'un naufrage meurtrier dans la Manche en 2023.
Dans ce drame qui avait entraîné la mort de sept candidats afghans à l'exil vers le Royaume-Uni, la représentante du ministère public a en revanche demandé au tribunal de libérer le neuvième prévenu de ce procès ouvert début novembre, un ressortissant soudanais originaire du Darfour et pilote présumé de l'embarcation, en reconnaissant à ce rescapé du naufrage sa qualité de "victime".
Agés de 23 à 45 ans, poursuivis notamment pour homicides involontaires, les huit autres prévenus, "aveuglés par leur volonté d'enrichissement", ont "mis à disposition des embarcations de fortune surchargées à l'extrême", a fustigé la procureure durant des réquisitions qu'elle a démarrées par la lecture des noms des sept victimes.
"Alors qu'ils n'aspiraient qu'à l'espoir d'une vie meilleure, ils sont morts du mépris de ces passeurs pour la vie", a-t-elle affirmé.
Les faits remontent à la nuit du 11 au 12 août 2023, lorsqu'un "small boat" avec 67 personnes à bord a quitté la plage de la Huchette, près de Calais.
En haute mer, après une avarie de moteur, le pneumatique de fortune a chaviré et les passagers afghans, ainsi que les deux pilotes présumés, se sont retrouvés à la mer. Bilan: sept morts et soixante survivants pris en charge par les secours maritimes français et britanniques.
Le procès, qui s'est ouvert le 4 novembre, devait examiner les responsabilités individuelles des prévenus présentés comme un réseau de passeurs qui organisait des traversées pour des migrants en situation irrégulière.
Selon l'enquête, ce réseau était organisé en deux branches, l'une irako-kurde chargée de la logistique et l'organisation des passages, et l'autre afghane chargée du recrutement des candidats à l'exil.
La procureure a assumé des réquisitions d'une "extrême fermeté" envers les deux ressortissants kurdes irakiens, moteurs du réseau selon les enquêteurs.
Elle a demandé 12 ans de prison ferme pour Tariq H. et 15 ans pour Idriss K., qui "n'a jamais fait autre chose que cette activité de passeur".
A l'encontre des prévenus afghans, le ministère public a requis 3 et 4 ans de prison concernant deux hommes pour lesquels il n'a pas retenu la qualification d'homicides involontaires. Il a demandé 8 ans d'emprisonnement pour trois autres et 9 ans pour un dernier, toujours sous mandat d'arrêt.
Le délibéré est prévu le 18 novembre.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.