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Mossoul: les sunnites votent en masse, contre extrémisme et domination kurde


Samedi 31 janvier 2009 à 17h15

MOSSOUL (Irak), 31 jan 2009 (AFP) — Ils sont apparus dans les bureaux de vote deux heures avant la fin scrutin. Comme répondant à un mystérieux appel, les sunnites de Mossoul, dans le nord de l'Irak, se sont précipités samedi pour voter, contre l'extrémisme et l'influence kurde.

"J'ai participé aux élections parce que la situation sécuritaire s'est améliorée et parce que nous en avons assez des fatwas (édits religieux), des terroristes, qui ont abouti à la destruction de notre ville", affirme Baker Abdel Razzak, un enseignant de 39 ans.

Environ 1,6 million d'électeurs étaient appelés à départager 31 listes en lice dans cette province, mais l'enjeu principal du scrutin était pour les sunnites, majoritaires, de retrouver leur prépondérance au Conseil provincial dominé par les Kurdes en raison de leur abstention massive en 2005.

"Nous avons été votés en famille pour la première fois de notre vie. Je peux vous dire qu'il n'y a pas de fatwas qui interdisent notre participation, bien au contraire elles nous encouragent à y participer", assure Ayoub Mohammad Soulaiman, un avocat de 45 ans.

Situé à 370 km au nord de Bagdad, Mossoul, la seconde ville du pays avec 1,6 million d'habitants, est communément qualifié de "dernier bastion urbain d'Al-Qaïda" par l'armée américaine et les autorités irakiennes.

"Je vais voter pour la liste Hadba car les candidats sont des gens biens et de confiance, qui ont des propriétés et n'ont donc pas besoin d'argent du gouvernement", assure pour sa part Ahmad Abdallah Amir, un enseignant de 39 ans, en référence à la liste d'Athil al-Nujeifi, riche propriétaire du plus grand haras d'Irak avec ses 400 purs-sangs arabes.

Durant la campagne, celui-ci avait résumé pour l'AFP son programme, des plus simples: mettre fin à l'emprise des Kurdes sur la province de Ninive, dont Mossoul est la capitale.

"Les Kurdes entretiennent la tension pour servir leurs propres intérêts. Et je veux y mettre fin", avait dit le leader de la liste Hadba, qui regroupe une quinzaine de partis et a le soutien des principales tribus de la région.

En 2005, 145.000 personnes avaient voté, dont 109.000 pour la liste kurde qui avait remporte 31 sièges sur 41.

Avec une forte participation des sunnites, la composition du Conseil devrait bien sûr changer.

Kurde, Farhad Mazen Karim, un instituteur de 45 ans, donnera lui sa voix à la liste représentant son ethnie: "J'ai voté pour +Fraternité de Ninive+ car elle a assuré la sécurité et la loi", dit-il.

Cette liste est composée de représentants des deux grands partis kurdes, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l'Union Patriotique du Kurdistan (UPK).

Très régulièrement frappé par la violence, Mossoul a connu ce samedi une des journées les plus calmes depuis longtemps.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.