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Mobilisation à Bagdad pour retrouver les otages britanniques


Mercredi 30 mai 2007 à 17h01

BAGDAD, 30 mai 2007 (AFP) — Les autorités irakiennes et l'armée américaine tentaient mercredi de répondre à l'audacieux enlèvement la veille de cinq Britanniques, en plein jour à Bagdad, par une bande d'hommes armés portant des uniformes de policiers, dans une ville qui rechute dans le chaos.

Cette opération, en plein coeur de la capitale, porte un nouveau coup sérieux au plan de sécurité massif lancé à la mi-février et pour lequel plus de 85.000 hommes, Américains et Irakiens, ont été déployés dans Bagdad.

Les cinq Britanniques, dont l'identité n'a pas été révélée, sont quatre employés de la société de sécurité canadienne Garda World ainsi que leur client, salarié de l'entreprise américaine de management BearingPoint.

Le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari a laissé entendre que l'Armée du Mahdi, la milice du religieux chiite radical Moqtada Sadr, plutôt qu'un groupe proche d'Al-Qaïda, pourrait être responsable de l'enlèvement.

"C'est près de Sadr City, une zone à prédominance chiite contrôlée principalement par l'Armée du Mahdi, qui a été très active ici", a remarqué M. Zebari sur la BBC.

"Il doit y avoir des milices travaillant en dehors de la loi dans cette zone et ayant de bons contacts avec la police locale pour être capables de réaliser ces enlèvements", a ajouté M. Zebari, admettant que les forces de sécurité étaient infiltrées par les milices et les groupes armés.

"Le lieu de l'enlèvement, la nature de l'opération, le nombre de personnes impliquées... tout laisse entendre qu'il s'agit davantage de l'action d'une milice que d'un groupe terroriste", a-t-il ensuite déclaré à l'AFP

Le courant de Moqtada Sadr a démenti toute implication dans l'enlèvement, présenté par certains comme une réponse à la mort d'un chef de l'Armée du Mahdi à Bassorah (sud), dans une opération des forces irakiennes et britanniques.

"C'est une accusation sans fondement. Cet enlèvement s'inscrit en faux contre la position pacifique annoncée par Moqtada Sadr", a souligné Salah al-Oubaïdi, porte-parole du courant Sadr dans la ville sainte chiite de Najaf.

La présidence, le bureau du Premier ministre et le ministère de l'Intérieur irakiens se sont refusés à tout commentaire.

Dans la rue Palestine, les riverains étaient encore mercredi sous le choc de l'enlèvement, perpétré dans un bâtiment officiel du ministère des Finances.

"Quatre camionnettes remplies d'hommes armés sont arrivées. Ils portaient des uniformes des commandos de la police, ils étaient très polis, ils ont bouclé les issues et les magasins environnants. Ils sont entrés à l'intérieur, ils sont restés 15 minutes. Ils ont fermé la rue à la circulation et ensuite fait sortir les cinq étrangers de l'immeuble", a raconté un commerçant.

"Aussitôt après leur départ, tous les employés du bâtiment sont sortis en courant, c'était l'hystérie, une vraie panique", se souvient Saad Mohammed, qui travaille sur le parking du bâtiment.

A Londres, le gouvernement était mobilisé pour obtenir la libération rapide de ses cinq ressortissants, avec pour objectif premier de déterminer l'identité des ravisseurs. Une nouvelle réunion du comité de crise, convoqué une première fois mardi, est prévue plus tard dans la journée.

Par ailleurs, l'armée américaine a transféré, au cours d'une cérémonie à Erbil, la responsabilité de la sécurité des trois provinces kurdes d'Irak au gouvernement régional du Kurdistan (nord). Avec ce transfert, la responsabilité de la sécurité de sept provinces sur 18 aura été transférée aux Irakiens.

Enfin, trois journalistes irakiens ont été tués ces trois derniers jours dans des violences en Irak, rejoignant la longue liste des professionnels des médias victimes du conflit dans ce pays, le plus meurtrier pour la presse.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.