Mercredi 12 novembre 2008 à 17h25
BAGDAD, 12 nov 2008 (AFP) — Le ton est monté mercredi en Irak entre le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki et les chefs kurdes sur l'épineuse question des milices pro-gouvernementales, dont les Kurdes ne veulent pas dans des territoires qu'ils contrôlent.
M. Maliki a exprimé sa "profonde tristesse" après la polémique sur ces groupes formés avec le soutien des tribus locales alliées au gouvernement pour assurer la sécurité en Irak.
Les Kurdes ont critiqué la formation de ces milices dans des régions majoritairement kurdes. Ils accusent le Premier ministre de se servir de ces supplétifs pour empêcher l'expansion du Kurdistan hors des trois seules provinces kurdes reconnues.
"Il était nécessaire de créer ces groupes pour assurer la loi et l'ordre dans les provinces qui ont connu l'insécurité avant le retour des forces armées venues rétablir la stabilité", s'est défendu le chef du gouvernement dans un communiqué.
Ces milices, souvent plus connues sous le nom de "Sahwa" ("Réveils" en arabe) sont essentiellement constituées de combattants tribaux.
Le phénomène, encouragé par l'armée américaine, a commencé dans la province majoritairement sunnite d'Al-Anbar à la fin de 2006, quand des tribus locales, financées par les Etats-Unis, ont chassé de leurs territoires les insurgés anti-américains.
Ces groupes, appelés aussi "Fils de l'Irak" ou "conseils de soutien" avaient été accueillis favorablement par toutes les parties, y compris les deux partis kurdes", a assuré M. Maliki.
"Mais ce soutien s'est transformé en opposition quand, et c'est regrettable, certains égoïstes ont vu que ces conseils locaux pouvaient constituer une menace pour leurs projets, qui étaient en contradiction avec l'intérêt national", a-t-il ajouté.
Au début de la semaine, les deux principaux partis kurdes, l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) du président Jalal Talabani et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) du président de la région kurde Massoud Barzani ont dans un communiqué commun estimé que ces conseils étaient des groupes armés "anticonstitutionnels".
"Nous nous opposons fermement à la constitution de quelque groupe armé que ce soit, pour quelque raison que ce soit en Irak et au Kurdistan, et en particulier dans les régions disputées", ont-ils déclaré, faisant référence à des régions peuplées majoritairement de Kurdes mais situées en dehors du Kurdistan irakien.
Les deux partis ont même comparé ces milices pro-gouvernementales aux milices kurdes formées par l'ancien dictateur Saddam Hussein qui avaient combattu les partis kurdes depuis les années 80 jusqu'à la chute du régime en 2003.
Les Kurdes sont particulièrement hostiles à la formation de milices pro-gouvernementales dans des régions disputées, comme les régions de Mossoul et de Kirkouk, riches en pétrole et où vivent de nombreux kurdes.
Massoud Barzani, président du Kurdistan irakien, a déclaré mercredi: "Les Kurdes refusent la formation de ces +conseils+ là où ils sont majoritaires. S'ils sont justifiés dans certaines régions, ils ne sont pas nécessaires ailleurs. Ils n'ont aucune raison d'être au Kurdistan et dans les régions disputées. C'est jouer avec le feu".
Le principal parti chiite, le Conseil suprême islamique en Irak, avait exprimé la même opposition à la formation de groupes armés pro-gouvernementaux dans le sud majoritairement chiite du pays, estimant qu'il s'agissait là d'une extension illégale du pouvoir fédéral.
Ces milices pourraient jouer un rôle important lors des prochaines élections provinciales, prévues le 31 janvier dans 14 des provinces irakiennes.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.