Jeudi 18 novembre 2021 à 20h33
Bagdad, 18 nov 2021 (AFP) — Un appareil irakien parti de Minsk avec à son bord des migrants qui étaient bloqués à la frontière polono-bélarusse a atterri jeudi soir au Kurdistan d'Irak, région d'où nombre d'entre eux sont originaires, avant de rallier Bagdad, a constaté l'AFP.
Au total, 431 personnes se trouvaient à bord du Boeing 747 de la compagnie nationale Iraqi Airways, selon le porte-parole du gouvernement de la région autonome du Kurdistan irakien, Jotiar Adel.
L'immense majorité des passagers, environ 400, est descendue à Erbil, capitale régionale du Kurdistan irakien. Parmi les passagers se trouvaient de nombreux enfants et femmes. A leur descente d'avion, certains se cachaient le visage afin de ne pas apparaître sur les images retransmises en direct par les télévisions locales.
Beaucoup d'entre eux portaient leurs biens personnels dans des sacs à dos ou des sacs plastique.
"J'ai dépensé plus de 4.000 dollars pour arriver au Bélarus", déplore après sa descente d'avion un habitant d'Erbil qui ne souhaite pas donner son nom. Là-bas, "la situation était très difficile, on a dû se nourrir d'herbes et de feuilles d'arbres et il faisait froid", dit-il à l'AFP.
Il explique que "les passeurs font traverser les migrants en leur faisant payer entre 6.000 et 7.000 dollars", mais qu'il est "difficile de passer pour ceux qui ont des familles".
Un habitant de la région de Sinjar, dans le nord de l'Irak, raconte de son côté que si "la situation là-bas (au Bélarus, ndlr) était difficile, ici c'est pire. Ce sont des conditions difficiles (en Irak, ndlr) qui nous ont poussés à émigrer".
- "Frappé" -
L'avion d'Iraqi Airways a redécollé pour ensuite se poser à l'aéroport de Bagdad vers 18H00 GMT, selon des journalistes de l'AFP. Une trentaine de migrants en sont descendus, a indiqué un responsable.
Parmi eux, Majed Hassan, 23 ans, originaire de Bassora (sud), dit avoir payé 15.000 dollars pour aller en Russie et se mettre d'accord avec des passeurs qui ont fini par le flouer.
Le jeune homme qui a quitté l'Irak en raison des conditions économiques assure avoir été "frappé" par les forces polonaises et bélarusses.
Désabusé, il ne conseille à personne de suivre la même voie, même s'il dit à l'AFP "penser à partir de nouveau si la situation persiste".
Ce rapatriement, le premier depuis le début de la crise migratoire à la frontière entre le Bélarus et la Pologne, se fait "sur la base du volontariat", selon le gouvernement de Bagdad.
Les Irakiens rentrés jeudi faisaient partie d'un groupe de plusieurs milliers de migrants, originaires principalement du Proche-Orient, qui étaient bloqués depuis des jours le long de la frontière polonaise, dans l'espoir de gagner l'UE.
Varsovie, ainsi que les deux autres voisins européens du Bélarus, la Lituanie et la Lettonie, refusent de les laisser passer.
Selon la présidence du Bélarus, "environ 7.000" migrants se trouvent actuellement dans ce pays, dont plus de 2.000 à la frontière avec la Pologne.
L'Occident accuse Minsk d'avoir orchestré depuis l'été cet afflux de migrants, en riposte à des sanctions occidentales prises contre le régime d'Alexandre Loukachenko après la répression en 2020 d'un mouvement d'opposition.
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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.