Dimanche 24 juin 2007 à 13h44
BAGDAD, 24 juin 2007 (AFP) — "Merci Dieu": ce sont les seuls mots prononcés par "Ali le Chimique", 66 ans, condamné à mort, en quittant dimanche la salle du Haut tribunal pénal irakien après un verdict sans surprise.
Dans les locaux du tribunal situé au coeur de Bagdad, le cousin de Saddam Hussein vient d'être condamné à la peine de mort par pendaison pour son rôle clé dans le génocide commis en 1988 contre les Kurdes du nord de l'Irak.
Réputé pour sa brutalité effroyable, Ali Hassan al-Majid, surnommé "Ali le Chimique" pour avoir utilisé des armes chimiques dans ce massacre, semblait fébrile et fatigué face aux juges.
La tête couverte d'un keffieh, vêtu d'une robe traditionnelle arabe, celui que l'on appelle aussi "le boucher du Kurdistan" écoute en silence la lecture du verdict.
"Vous avez donné l'ordre aux troupes de tuer des civils kurdes. Vous les avez soumis à des attaques systématiques en ayant recours aux armes chimiques et à l'artillerie", lui lance le président du tribunal, Mohammed al-Oreibi al-Khalifah.
"Vous êtes à l'origine de la tuerie de villageois irakiens. Vous les avez confinés dans des quartiers, vous avez brûlé leurs vergers, tué leurs animaux. Vous avez commis un génocide", insiste le magistrat.
La mine triste, "Ali le Chimique" ne réagit pas, contrairement à d'autres des cinq coaccusés.
"De nombreux Kurdes ont été arrêtés sous vos ordres et découverts plus tard dans des fosses communes", enchaîne le juge. "C'est sous vos ordres que des armes chimiques ont été utilisées contre des civils kurdes. Leurs mosquées, leurs maisons ont été détruits", poursuit-il.
Debout devant les trois juges, "Ali le Chimique" reste impassible. Principale figure des six accusés dans ce procès, le cousin de Saddam Hussein est le dernier à connaître son sort.
Son attitude semblait bien éloignée de l'assurance qu'il avait affichée au cours de certaines audiences du procès, entamé le 21 août 2006.
"C'est moi qui ai donné les ordres à l'armée pour qu'elle détruise les villages et déporte ses habitants", avait-il assuré. "Je n'ai pas besoin de me défendre pour ce que j'ai fait. Je ne m'excuse pas. Je n'ai commis aucune erreur", avait-il lancé avec fermeté.
Quelques minutes avant lui, l'ancien directeur-adjoint des opérations militaires, Hussein Rachid al-Tikriti, apprend lui aussi sa condamnation à mort. Il n'exprime aucun remord.
"Merci Dieu d'être exécuté au nom de la courageuse armée irakienne, longue vie à l'Irak et longue vie à la courageuse armée irakienne", dit-il pendant qu'un vigile l'évacue de la salle.
L'ancien ministre de la Défense Sultan Hachim al-Tai clame quant à lui son innocence: "Je ne dirai rien de nouveau et je vous laisse à Dieu. Je suis innocent", lance-t-il au moment où un vigile s'approche du box des accusés pour l'emmener.
Avant eux, deux autres ex-dignitaires ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité et le premier des six accusés appelé par le tribunal a lui été acquitté pour "manque de preuves".
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.