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Loon-Plage: démantèlement d'un camp de migrants théâtre d'affrontements


Mercredi 25 mai 2022 à 09h53

Loon-Plage (France), 25 mai 2022 (AFP) — La police a lancé mercredi matin une opération d'évacuation d'un important camp de migrants à Loon-Plage, près de Grande-Synthe, où des affrontements ont fait depuis dimanche un mort et trois blessés, a indiqué la préfecture du Nord.

Les pourtours du camp étaient bloqués par un important dispositif policier - fourgons de CRS et motards -, tenant les médias à distance, et un premier car était arrivé en début de matinée pour convoyer les migrants, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Mais des dizaines de résidents préféraient quitter les lieux à pied, certains en famille, avec des enfants juchés sur des chariots de supermarché. Des petits groupes se reformaient aux abords du camp.

L'opération qualifiée de "mise à l'abri" par la préfecture vise le camp de Loon-Plage, où la préfecture dénombrait quelque 500 migrants la semaine dernière, en attente d'un passage vers l'Angleterre.

Situé sur un vaste terrain boisé, limitrophe de la commune de Grande-Synthe, le site est proche d'un canal constituant sur le littoral un important point de départ des traversées migratoires vers l'Angleterre.

Un migrant a été tué par balle et un autre blessé lundi soir à proximité de ce camp, où dimanche, deux migrants avaient été blessés, dont un grièvement, dans des échanges de coups de feu.

Dimanche, des bénévoles qui y distribuent des repas chauds, affirmaient avoir entendu des rafales évoquant des Kalachnikov.

Le procureur de Dunkerque, Sébastien Piève, a confirmé mardi à l'AFP que "des munitions percutées d'armes de guerre" ont été retrouvées à Loon-Plage.

"La particularité des faits de dimanche et lundi, c'est la gravité des blessures", a-t-il noté.

La Police aux frontières et la police judiciaire ont été saisies des enquêtes.

Interrogé sur la piste de règlements de comptes entre passeurs dans ce campement, M. Piève a estimé que cela constituait "une hypothèse, mais pas facile à établir".

"Il est certain qu'il y a un arrière-plan de trafic d'êtres humains", a-t-il ajouté.

Selon Claire Millot, de l'association Salam, la plupart des associations d'aide aux migrants avaient cessé leurs interventions sur le site pour des raisons de sécurité, tandis qu'environ 200 résidents avaient déja quitté les lieux depuis dimanche.

Dans cette zone, les exilés sont d'habitude majoritairement kurdes, mais "on remarque maintenant qu'il y a beaucoup plus de nationalités présentes", notamment de personnes venues de pays africains, a-t-elle expliqué à l'AFP, avançant que "c'est peut-être pour cela qu'il y a des règlements de comptes, parce qu'il y a des passeurs de différentes nationalités".

Plus de 7.000 exilés ont déjà rejoint les côtes britanniques au départ du littoral nord de la France depuis janvier, alors que le nombre de traversées avait triplé en 2021, avec plus de 28.000 migrants arrivés en Angleterre. Dans ces traversées, 38 personnes ont trouvé la mort en 2021.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.