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Londres accuse Téhéran de menacer des journalistes basés au Royaume-Uni


Vendredi 11 novembre 2022 à 20h38

Paris, 11 nov 2022 (AFP) — Le gouvernement britannique a accusé vendredi l'Iran d'avoir proféré des menaces de mort à l'encontre de journalistes basés au Royaume-Uni, alors que la répression visant les manifestants dans la République islamique a fait plus de 300 morts en plus de sept semaines.

Vendredi, le mouvement de contestation s'est poursuivi dans la province du Sistan-Baloutchistan, dans le sud-est de l'Iran, où des centaines de personnes ont manifesté après la prière hebdomadaire, six semaines après la répression mortelle d'une manifestation à Zahedan.

"J'ai convoqué le chargé d'affaires iranien après que des journalistes travaillant au Royaume-Uni ont été l'objet de menaces de mort en provenance d'Iran", a tweeté le chef de la diplomatie britannique James Cleverly.

Cette convocation intervient alors qu'une chaîne de télévision en persan basée à Londres -Iran International- a rapporté lundi que deux de ses journalistes travaillant au Royaume-Uni ont reçu des menaces de mort de la part des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran.

L'Iran est secoué par une vague de manifestations déclenchée par la mort de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, tuée le 16 septembre, trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des moeurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique, imposant notamment le port du voile pour les femmes.

La contestation -la plus importante dans ce pays depuis les protestations de 2019 contre la hausse du prix de l'essence - est réprimée dans le sang, avec plus de 304 morts depuis mi-septembre, selon l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo.

A Zahedan, chef-lieu du Sistan-Baloutchistan, les forces de sécurité ont tué plus de 90 personnes le 30 septembre lors d'une manifestation contre le viol présumé d'une adolescente de 15 ans imputé à un policier, toujours selon IHR.

- "Mort à Khamenei" -

Vendredi, des centaines de personnes ont manifesté à Zahedan à l'occasion du 40e jour de deuil marquant cette journée, baptisée "Vendredi sanglant" par les défenseurs des droits humains.

"Mort à Khamenei", ont scandé, en référence au guide suprême l'Ayatollah Ali Khamenei, les protestataires, d'après une vidéo publiée par IHR.

Des manifestations ont eu lieu aussi à Khash, une autre ville du Sistan-Baloutchistan, et des dizaines de policiers antiémeute ont été déployés face aux manifestants à Iranshahr, près de la frontière avec le Pakistan, selon des vidéos en ligne vérifiées par l'AFP.

Les forces de sécurité ont ensuite tiré des gaz lacrymogènes à Iranshahr pour disperser les manifestants, selon une vidéo publiée par le média en ligne 1500tasvir.

Selon l'agence de presse locale Tasnim, les "contrerévolutionnaires qui voulaient créer des troubles à Zahedan (...) ont échoué".

"Les fidèles de la mosquée Maki, la plus grande mosquée sunnite du pays sont rentrés chez eux sans incident, à part quelques-uns qui ont scandé des slogans anti-gouvernementaux", a ajouté l'agence, affirmant que d'autres "petits rassemblements" ont eu lieu à Khash, Iranshahr et Rask, au sud de Zahedan.

Amnesty International a affirmé que plus de 100 manifestants ont été tués par les forces de sécurité au Sistan-Baloutchistan depuis le 30 septembre, mais estime que le bilan pourrait être plus élevé.

- Mahsa Amini au Mondial -

Selon IHR, des milliers de manifestants ont été arrêtés depuis le début du mouvement de contestation, et des dizaines ont été inculpés de crimes passibles de la peine de mort.

A Genève, les experts des Nations-Unies ont appelé vendredi l'Iran à cesser de menacer les protestataires de la peine de mort, appelant "à la libération immédiate des manifestants privés arbitrairement de leur liberté".

A Paris, le président français Emmanuel Macron a reçu vendredi des militantes iraniennes et a salué la "révolution qu'elles sont en train de conduire".

Lors d'un entretien téléphonique avec le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres jeudi, le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian a accusé des pays occidentaux de promouvoir la violence en Iran en apprenant aux manifestants à fabriquer des armes et des cocktails Molotov.

Par ailleurs, à neuf jours du coup d'envoi du Mondial au Qatar, des militants des droits humains ont appelé les supporters de football à scander le nom de Mahsa Amini à la 22e minute de chaque match disputé par l'équipe d'Iran, en référence à son âge.

"Aidez-nous à immortaliser #MahsaAmini et notre combat contre ce régime brutal", a écrit sur Twitter Masih Alinejad, l'une des militantes iraniennes qui a été reçue à l'Elysée vendredi.

str-dv/sab/rm

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.