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Londres accuse l'Iran de menaces de mort contre des journalistes basés au Royaume-Uni


Vendredi 11 novembre 2022 à 18h27

Londres, 11 nov 2022 (AFP) — Le gouvernement britannique a accusé vendredi l'Iran d'avoir proféré des menaces de mort à l'encontre de journalistes basés au Royaume-Uni et convoqué pour cette raison le chargé d'affaire iranien, a indiqué le chef de la diplomatie.

"J'ai convoqué le chargé d'affaires iranien aujourd'hui après que des journalistes travaillant au Royaume-Uni ont été l'objet de menaces de mort en provenance d'Iran", a tweeté le ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly.

"Nous ne tolérons pas des menaces ou des intimidations de la part de nations étrangères à l'encontre d'individus vivant au Royaume-Uni", a-t-il ajouté.

La convocation intervient alors qu'une chaîne de télévision en persan basée à Londres -Iran International- a rapporté en début de semaine que deux de ses journalistes travaillant au Royaume-Uni avaient reçu des menaces de mort de la part des Gardiens de la Révolution (l'armée idéologique de Téhéran).

Selon le groupe propriétaire de la chaîne, l'ampleur des menaces a poussé la police londonienne à "informer officiellement les deux journalistes que ces menaces représentaient un risque imminent, crédible et important pour leur vie et celle de leur famille".

Iran International couvre notamment les manifestations qui ont lieu en Iran depuis la mort mi-septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans décédée trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des moeurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique, imposant notamment le port du voile pour les femmes.

La contestation -d'une ampleur que le pays n'avait pas connue depuis trois ans- est réprimée dans le sang, avec près de deux cents morts selon le comptage d'une ONG basée hors d'Iran. Des dizaines de journalistes ont également été arrêtés dans le pays.

Mais les autorités iraniennes reprochent à Londres d'abriter ces chaînes en persan qui lui sont hostiles et couvrent largement les manifestations. Elles ont estimé mercredi que le Royaume-Uni cherchait à déstabiliser la République islamique et était impliqué de manière "évidente" dans la "propagande" pro-manifestations.

Début octobre, le ministère iranien des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur britannique à Téhéran pour protester contre "l'ingérence du ministère britannique des Affaires étrangères dans les affaires intérieures de l'Iran".

L'annonce de la convocation du chargé d'affaires iranien à Londres intervient alors que la police britannique a annoncé vendredi avoir mis en place un "plan de protection" pour une championne de lutte iranienne vivant en Ecosse, Melika Balali, qui a également reçu des menaces proférées selon elle par les autorités iraniennes.

Melika Balali, 22 ans, qui milite ouvertement pour les droits des femmes en Iran depuis son départ du pays il y a un an, a apporté publiquement son soutien aux manifestants iraniens.

"Ils ont essayé de trouver où je vis et avec qui je m'entraine", a-t-elle dit dans un entretien à la BBC diffusé jeudi.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.