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Loi sur le pétrole irakien: Kurdes et sunnites dénoncent leur mise à l'écart


Mercredi 4 juillet 2007 à 14h36

BAGDAD, 4 juil 2007 (AFP) — Deux des trois principales communautés irakiennes, les Kurdes et les sunnites, ont dénoncé mercredi leur mise à l'écart des dernières modifications apportées par le gouvernement à majorité chiite à la loi sur le pétrole, un texte déterminant pour l'avenir de l'Irak.

Le conseil des ministres avait approuvé mardi à l'unanimité un amendement à ce projet de loi désormais prêt à être débattu au Parlement et considéré par Washington comme un point important dans le cadre de la réconciliation nationale en Irak.

Mais les représentants des communautés kurdes et sunnites se plaignent de ne pas en avoir été informé.

Le gouvernement régional du Kurdistan (KRG), "un parti clé dans les négociations de la loi sur le pétrole, n'a pas vu ni approuvé le texte final de la loi", a-t-il déploré dans un communiqué.

A son tour, le principal bloc sunnite au Parlement a regretté de ne pas avoir été consulté: "Nous ne savons rien au sujet de la dernière version adoptée en conseil des ministres", a affirmé un député du Front de la Concorde, Ala Maki.

"Mais nous sommes prêt à discuter le contenu de la loi, politiquement et techniquement", a-t-il toutefois ajouté.

Pour sa part, le KRG s'est dit "satisfait des améliorations dans la formulation de la loi", mais il a mis en garde contre tout changement touchant à la "substance" du texte.

Un porte-parole du gouvernement irakien, Ali al-Dabbagh, avait fait savoir mardi que les changements par rapport au texte initial portaient uniquement sur des modifications dans la formulation du texte.

"Nous espérons que le conseil des ministres n'a pas approuvé un texte avec lequel le KRG est en désaccord, car cela violerait les droit constitutionnels de la région du Kurdistan", a averti le gouvernement régional du Kurdistan.

Les réserves prouvées du Kurdistan représentent seulement 2,9% des 115 milliards de barils enfouis sous les pieds des Irakiens, mais contrairement au reste du pays, cette région du nord de l'Irak, épargnée par les violences, attire les investisseurs étrangers.

La répartition des revenus du pétrole entre les différentes communautés est un sujet particulièrement sensible en Irak. Les réserves d'or noir sont concentrées dans le sud chiite et le nord majoritairement kurde, peu disposés à partager cette manne, tandis que les sunnites, écartés du pouvoir après la chute du régime de Saddam Hussein, vivent dans des régions dénuées de pétrole.

Le texte n'a pas été examiné en première lecture mercredi par les députés irakiens, comme l'avait annoncé la veille le Premier ministre Nouri al-Maliki.

"L'examen de la loi sur le pétrole n'est pas à l'ordre du jour de la session parlementaire", a déclaré le président de séance, Khalid Attiya, sans préciser quand le texte serait examiné.

Cette loi vise à partager les revenus du pétrole brut équitablement entre les 18 provinces d'Irak et à autoriser l'exploitation des réserves par les compagnies étrangères.

Elle avait déjà été approuvée une première fois lors d'un conseil des ministres en février, mais des communautés avaient alors exprimé des réserves, provoquant un réexamen du texte.

L'Irak possède les troisièmes réserves mondiales prouvées de pétrole, mais est toujours obligé d'importer, sa production n'ayant pas retrouvé son niveau d'avant l'invasion américaine de 2003 en raison d'infrastructures défaillantes et de sabotages.

Elle est actuellement d'environ deux millions de barils par jour et pour l'essentiel sous contrôle de la compagnie nationale irakienne.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.