Mercredi 11 octobre 2006 à 10h02
LALISH (Irak), 11 oct 2006 (AFP) — La minorité religieuse Yazidie d'Irak, installée dans l'extrême nord du pays, près de la frontière turque, célèbre son pèlerinage annuel en dépit des craintes que font peser sur ses membres les groupes extrémistes islamistes.
"Les groupes islamistes sont une menace prioritaire pour nous, en particulier Al-Qaïda et les autres groupes terroristes", a déclaré Khurto Hajji Ismail, chef de la communauté qui compterait aujourd'hui un demi million de personnes.
En dépit des menaces, les Yazidis ont décidé de maintenir leur plus grande fête annuelle, le pèlerinage au temple de Lalish, à une soixantaine de kilomètres de Mossoul, un des bastions de la rébellion sunnite.
C'est à Lalish que se trouve le tombeau du cheikh Adi, pieux musulman du 12ème siècle et inspirateur du Yazidisme. Ce tombeau, principal sanctuaire de la communauté, attire chaque année des Yazidis venus notamment de Géorgie, d'Allemagne ou de Turquie.
Alors que les groupes extrémistes sunnites ont tués à Mossoul des Irakiens de toutes religions, les Yazidis estiment que leur communauté a été épargnée parce qu'"ils ne sont ni musulmans, ni chrétiens.
"Nous sommes coincés entre les limites du Kurdistan et des zones arabes. Parfois, les tribus sunnites menacent nos villages et nous demandent de partir", a toutefois poursuivi M.Ismail.
Au cours de ces deux dernières années, des centaines de familles Yazidies ont fui Mossoul où il n'en demeurent actuellement que moins d'une dizaine.
Les Yazidis parlent kurde et bénéficient de la liberté de culte de la part du gouvernement autonome kurde au sein duquel ils ont deux ministres.
"Le gouvernement kurde nous protège et nous fournit quelques services, mais certains officiels ne nous aiment pas beaucoup", a affirmé M.Ismail qui assure que de petits fonctionnaires empêchent que leurs villages bénéficient de certains services.
Dans le village de Lalish, où se trouvent les tombes des saints hommes du yazidisme, des membres de la communauté, revêtus de leurs plus beaux habits, continuent à arriver en pèlerinage pendant les sept jours du festival.
Les Yazidis sont considérés comme kurdes, et pendant des siècles ils ont été persécutés. Leur droit à pratiquer leur culte est reconnu dans la nouvelle constitution irakienne et ils sont représentés au parlement.
Les Yazidis vénèrent l'archange Malak Raus, appelé parfois Chaytan, ce qui pourrait leur avoir valu l'appellation "d'adorateurs du diable". Leur religion est marquée de syncrétisme.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.