Dimanche 21 octobre 2007 à 20h27
ANKARA, 21 oct 2007 (AFP) — Les électeurs turcs ont avalisé dimanche sans surprise lors d'un référendum des amendements constitutionnels dont le principal porte sur l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel, dans un climat alourdi par une attaque kurde contre l'armée dans le sud-est du pays.
Selon les résultats du référendum sur la base de 95% des bulletins dépouillés, 69,5% des électeurs ont approuvé le projet soumis à référendum et 30,5% ont voté "non".
Comme prévu, le taux de participation, 63%, a été plus faible que lors des élections législatives anticipées organisées moins de trois mois auparavant, où il avait été de 85%.
Quelque 42,6 millions d'électeurs étaient appelés à voter dans 134.000 bureaux.
La réforme soumise au référendum prévoit l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois et non plus par le Parlement comme c'est le cas actuellement. Elle prévoit aussi la tenue d'élections législatives tous les quatre ans au lieu de cinq à présent.
Le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir et qui est à l'initiative des réformes, a fait campagne pour un "oui" massif, tandis que l'opposition appelait les électeurs soit à voter "non", soit à s'abstenir.
L'AKP a fait passer in extremis la semaine dernière au Parlement un amendement au projet afin d'éviter une éventuelle contestation juridique de la validité du mandat de sept ans de l'actuel président turc Abdullah Gül.
Selon des juristes, la formulation de l'une des dispositions du projet aurait en effet imposé au président, élu en août par les députés, de se présenter cette fois au vote populaire dans un délai de 40 jours.
L'article en question déclarait que le onzième président serait élu par le peuple. Or, M. Gül est déjà le onzième président turc.
Les Turcs sont peu habitués aux référendums, dont le dernier remonte à 1988, et les chaînes de télévision diffusaient depuis des jours des reportages montrant des électeurs très peu au courant du scrutin.
L'AKP, parti du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, travaille déjà à une nouvelle Constitution qui remplacera l'actuelle, héritée des généraux après un coup d'Etat en 1980.
Alors que les électeurs commençaient à voter, le pays a pris connaissance en fin de matinée de combats en cours dans le sud-est, les plus violents de ces dernières années.
Douze soldats turcs ont été tués et 16 autres blessés au cours d'une attaque lancée aux premières heures de dimanche par les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) contre un bataillon dans la province de Hakkari, près de la frontière irakienne. Huit soldats ont été portés disparus
Trente-deux rebelles ont été abattus au cours des combats.
Il s'agit de la première opération rebelle d'envergure depuis la décision du Parlement turc mercredi d'autoriser en cas de nécessité des incursions militaires dans le nord de l'Irak pour y frapper des bases rebelles.
Bagdad et Washington s'opposent à une opération "unilatérale" dans le nord de l'Irak, dont les dirigeants ont annoncé qu'ils résisteraient à toute incursion militaire turque sur leur territoire.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.