
Jeudi 18 octobre 2007 à 11h39
ISTANBUL, 18 oct 2007 (AFP) — L'armée turque se prépare à mener contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Irak du Nord des opérations d'une ampleur limitée et dont les bénéfices attendus sont plus d'ordre psychologique que militaire, estimaient jeudi les analystes.
En dépit des appels de Bagdad à une négociation de la dernière chance et des admonestations de Washington, le principe d'une intervention contre les bases du PKK en Irak est acquis après le vote par le Parlement mercredi d'une autorisation ad hoc, affirment les experts.
Initialement réticent au lancement d'une opération hors frontières, "le gouvernement est désormais sous une pression très forte de l'opinion publique, des médias et des militaires", déclare Sedat Laçiner, président de l'Institut de recherche stratégique internationale (USAK).
"Il est dans une position où il n'a plus d'options", poursuit-il, faisant référence aux pertes civiles et militaires enregistrées par la Turquie ces derniers jours et à l'échec apparent des plans de coopération avec les autorités irakiennes et américaines dans la lutte contre le PKK.
Ils n'est pas question en revanche d'un déploiement massif de troupes en territoire irakien.
"Je ne m'attends pas à une grande opération, mais à une série de petites opérations. L'armée turque va envoyer des missiles, lancer des attaques aériennes, mener plusieurs opérations de faible ampleur" visant des cibles spécifiques déterminées avec le gouvernement, commente M. Laçiner.
Parmi elles figureraient les bases du Mont Qandil, quartier général du PKK et "sorte d'école du terrorisme", affirme le stratège, qui se dit "sûr que l'armée va y détruire les structures existantes, les réseaux électriques et les voies de transport".
Pour le général à la retraite Haldun Solmaztürk, l'éradication du PKK du nord de l'Irak n'est pas envisageable, et seule "des opérations de petite échelle et de courte durée", impliquant forces aériennes, hélicoptères et commandos, semblent réalistes.
"La zone est trop vaste, trop montagneuse et difficile pour qu'on puisse traquer chaque élément (du PKK) - c'est un terrain très dur, même pour les unités commandos", explique l'officier, qui a pris part à deux incursions turques en Irak, en 1995 et 1997.
"Un tel objectif militaire requiert un nombre important de troupes restant sur place pour une durée assez longue, ce que la situation politique actuelle ne permet pas", poursuit-il.
Une opinion partagée par Walter Posch, de l'Institut d'études de sécurité de l'Union européenne.
"Ce qui aurait du sens, ce serait un combat continu de longue durée et de faible intensité impliquant des forces spéciales, mais cela implique une couverture médiatique nulle ou limitée et n'aurait ainsi que peu de valeur en termes de politique intérieure", déclare le chercheur.
Car à défaut de victoire militaire définitive, les autorités turques entendent remporter, avec l'aide des médias, une bataille psychologique.
D'abord, "le premier bénéfice attendu est la satisfaction de l'opinion publique" turque, indique M. Laçiner.
Ensuite, "le PKK sera privé du sentiment de sécurité que lui apportait son refuge irakien", commente M. Solmaztürk, persuadé de l'effet dissuasif sur les recrues potentielles de la rébellion. "Une telle opération signalera que la Turquie est décidée à se battre jusqu'au bout".
Reste à savoir quand pourraient débuter les hostilités, une question à laquelle les spécialistes sont en peine de répondre.
"Les conditions météo ne sont pas un obstacle aux opérations, elles demandent juste les préparatifs adéquats", souligne simplement l'ex-général, battant en brèche l'idée d'une inévitable trêve hivernale. "En hiver (les rebelles) se réunissent dans des points particuliers, et du coup (une opération) pourrait causer des dommages et un effet psychologique optimum".
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.