Jeudi 22 juin 2006 à 16h50
BAGDAD, 22 juin 2006 (AFP) — La totalité des Sabéens de Bagdad ont demandé à émigrer au Kurdistan où près de 3.500 familles chrétiennes se sont installées récemment après avoir reçu des menaces, a affirmé jeudi à l'AFP le représentant de Ligue arabe à Bagdad, Mokhtar Lamani.
"Lors d'une récente visite au Kurdistan, j'ai appris que tous les membres de la communauté sabéenne de Bagdad, soit 20 à 25.000 personnes ont présenté une demande collective pour émigrer au Kurdistan", nord de l'Irak, a-t-il dit.
"En outre, 3.500 familles chrétiennes ont émigré récemment de Bagdad vers le Kurdistan après avoir reçu des menaces", a-t-il ajouté.
Les Sabéens ou Mandéens sont environ 60.000 en Irak où ils pratiquent le baptême comme les chrétiens et le jeûne comme les musulmans. Fidèles de Saint Jean Baptiste, ils sont installés principalement dans le sud du pays et à Bagdad.
Le baptême occupe une place centrale dans leur culte. Ce rituel a lieu le dimanche et les membres doivent s'y soumettre plusieurs fois par an. Les cérémonies funéraires sont aussi très importantes car durant trois jours ils récitent leur livre sacré, le "Ginza" (trésor). L'origine de cette religion date du 1er ou 2ème siècle après JC.
Il reste environ 800.000 chrétiens en Irak, en majorité chaldéens (catholiques), installés principalement à Bagdad, Mossoul et au Kurdistan. Cette région septentrionale connaît une paix relative par rapport au reste du pays.
"Le problème des déplacements forcés de population a pris une dimension grave et ne concerne plus seulement les chiites et les sunnites, mais toutes les minorités en Irak", a souligné M. Lamani.
"Il faut mettre en oeuvre un processus pour permettre le retour des déplacés en leur assurant la protection nécessaire", a-t-il ajouté.
Selon le dernier rapport de l'Office international des Migration, daté du 7 juin, il y aurait 97.224 déplacés mais selon le Croissant-Rouge irakien, ils seraient 102.622.
D'importants mouvements de population ont commencé après un attentat contre un mausolée chiite dans la ville sunnite de Samarra, le 23 février et les représailles qui ont suivi.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.