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Les pressions internationales rendent incertaine la tenue du référendum au Kurdistan irakien


Vendredi 22 septembre 2017 à 13h05

Erbil (Irak), 22 sept 2017 (AFP) — L'incertitude était totale vendredi sur la tenue lundi au Kurdistan irakien du référendum d'indépendance en raison d'énormes pressions et menaces internationales pour annuler cette consultation qui pourrait entraîner des troubles dans le pays.

Le président de la région autonome du Kurdistan Massoud Barzani devrait samedi, lors d'une conférence de presse à Erbil, faire connaître sa position finale, alors que des représentants étrangers se succèdent pour tenter de le convaincre de renoncer.

Une source kurde haut placée à Souleimaniyeh a affirmé vendredi à l'AFP que le redoutable chef d'une unité d'élite des Gardiens de la révolution iraniens, le général Qassem Soleimani, est revenu au Kurdistan pour une ultime rencontre avec les responsables de la région.

Il est aujourd'hui a Souleimaniyeh et doit se rendre ensuite à Erbil. "C'est sa dernière visite avant le référendum. Il s'agit d'avertir les responsables kurdes que l'Iran y est sérieusement hostile et les mettre en garde afin qu'ils y renoncent", selon cette source.

"Les Iraniens poussent toujours pour des négociations entre le Kurdistan et Bagdad. Il a informé ses interlocuteurs que l'Iran faisait pression sur Bagdad pour qu'il accepte les demandes kurdes et règle le contentieux sur le budget, le salaire des peshmergas et les régions disputées", a ajouté cette source.

- 'Rejeté aujourd'hui ou dans le futur' -

En 2014, en raison d'un conflit sur les exportations de pétrole, Bagdad avait décidé de ne plus verser les 17% du budget national, soit 12 milliards de dollars à la région kurde .

Les conséquences se sont faites immédiatement sentir puisque ce transfert représentait 80% des recettes du budget de la région et les salaires, y compris ceux des combattants peshmergas ont été écornés.

Les régions disputées sont des zones qui sont constitutionnellement sous l'autorité de Bagdad et que le Kurdistan revendique, comme la région pétrolière de Kirkouk, des zones dans le nord et le centre du pays.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a exprimé jeudi dans un communiqué "sa préoccupation face à l'impact potentiellement déstabilisateur du projet du gouvernement régional du Kurdistan de tenir de manière unilatérale un référendum la semaine prochaine".

"Les membres du Conseil "appellent à la résolution de tout problème entre le gouvernement fédéral et le gouvernement régional du Kurdistan dans le cadre de la Constitution irakienne, via un dialogue", souligne le texte.

Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a affirmé mardi qu'il rejetait toute forme de référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien, même si les Kurdes affirment qu'il ne conduira pas immédiatement à l'indépendance.

"Le référendum est rejeté, aujourd'hui ou dans le futur, qu'il se tienne dans la région du Kurdistan dans les frontières de 2003 ou dans les zones disputées", a-t-il déclaré à des journalistes.

L'Arabie saoudite a appelé mercredi Massoud Barzani a renoncer au référendum pour éviter de "nouvelles crises". Par ailleurs, la Turquie, l'Iran et l'Irak, malgré leurs divergences, se sont unis pour dénoncer cette consultation.

- 'Hypocrisie' -

Mais pour le moment le vieux chef kurde refuse officiellement de changer de position. Il a rejeté jeudi "l'initiative" du président irakien, le Kurde Fouad Maasoum.

Celui-ci, dans un document que l'AFP a pu lire, proposait l'ouverture de "négociations sans préconditions" appuyées par l'ONU.

Il proposait pour mener à bien cette initiative, la création d'un Haut comité présidé par le chef de l'État et qui comprendrait les Premiers ministres d'Irak et du Kurdistan, le président du Parlement irakien.

Alors que l'offensive contre l'EI bat sont plein, les tensions sont vives entre le Kurdistan et le gouvernement fédéral, notamment dans les zones disputées que le Kurdistan voudrait faire voter.

Le référendum est "une hypocrisie, c'est uniquement un moyen de faire pression sur le gouvernement central. (...) Nous sommes prêts à l'affrontement jusqu'à la mort", martèle Atef Annajar, responsable du Hachd al-Chaabi --qui regroupe des unités paramilitaires majoritairement chiites-- à Touz Khormatou.

Cette ville située dans la province de Salaheddine fait partie, comme Kirkouk, des régions d'Irak revendiquées tant par le pouvoir central de Bagdad que par la région autonome du Kurdistan.

La semaine passée, Hadi al-Ameri, chef de l'organisation Badr, puissant groupe paramilitaire chiite soutenu par Téhéran, avait mis en garde contre une "guerre civile". Le 16 septembre, une voiture piégée a explosé à Kirkouk, tuant trois personnes.

Malgré cette crise, les forces gouvernementales irakiennes sont parvenues vendredi au centre d'Al-Charqat, une localité au nord de Bagdad tenue par l'EI, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Cette localité se trouve à 30 km au nord-ouest du principal objectif des forces irakiennes dans le nord de l'Irak: Hawija, une localité tombée aux mains de l'EI en juin 2014.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.