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Les migrants du Gregoretti ont débarqué en Italie après un accord européen


Mercredi 31 juillet 2019 à 18h22

Augusta (Italie), 31 juil 2019 (AFP) — Les dizaines de migrants bloqués depuis une semaine sur le Gregoretti, un navire des garde-côtes italiens, ont débarqué mercredi grâce à un accord pour les répartir entre cinq pays européens et l'Eglise italienne, ont annoncé Rome et Bruxelles.

Matteo Salvini, ministre italien de l'Intérieur et patron de la Ligue (extrême droite), avait annoncé à la mi-journée son autorisation.

Mais il a aussi dans la foulée formellement interdit l'accès aux eaux italiennes à l'Alan Kurdi: ce navire de l'ONG allemande Sea-Eye a secouru mercredi au large de la Libye 40 migrants originaires d'Afrique de l'Ouest, dont deux femmes et trois jeunes enfants, et cherche à son tour un port où les faire débarquer.

Le 25 juillet, le jour où plus de 110 autres avaient disparu dans un naufrage au large de la Libye, le Gregoretti avait pris à bord un total de 140 migrants, partis de Libye quelques jours plus tôt à bord de deux embarcations distinctes, repérés par des pêcheurs et secourus par des vedettes des garde-côtes italiens.

Ces derniers ont assuré que l'opération avait eu lieu en concertation avec le ministère de l'Intérieur, mais M. Salvini a alors déclaré qu'il ne laisserait débarquer les migrants qu'avec un plan pour les répartir au sein de l'Union européenne.

Cette démarche semblait destinée à tester la résolution du président français, Emmanuel Macron, qui avait annoncé le 22 juillet un accord entre 14 pays européens pour mettre en oeuvre un "mécanisme de solidarité", immédiatement raillé par M. Salvini parce qu'il partait du principe que les migrants devaient d'abord débarquer en Italie.

Au même moment, 143 migrants secourus les 25 et 26 juillet par la marine maltaise étaient accueillis à La Valette. Début juillet, Malte avait aussi pris en charge une centaine de migrants secourus par l'Alan Kurdi, après un accord de répartition européenne pour une partie d'entre eux.

Comme lors des précédents bras de fer autour du sort de migrants bloqués en mer, des autorisations ont été données au compte-goutte aux migrants du Gregoretti: six évacuations médicales dès le 25 juillet, une femme enceinte et sa famille le 27 juillet, 15 mineurs lundi, un malade mercredi à la mi-journée...

- La moitié en Italie -

Les 116 hommes encore à bord du Gregoretti ont débarqué mercredi après-midi dans le port militaire d'Augusta (Sicile) et ont été conduits dans le centre d'accueil et d'identification (hotspot) de Pozzallo, un peu plus au sud.

Ces migrants et les mineurs précédemment débarqués doivent ensuite être répartis entre l'Allemagne, le Portugal, la France, le Luxembourg, l'Irlande et l'Eglise d'Italie, ont annoncé M. Salvini et un porte-parole de la Commission européenne.

"Une solution européenne a été trouvée pour les femmes et les hommes bloqués sur le navire Gregoretti", s'est félicité M. Macron sur les réseaux sociaux. "Ils vont débarquer en Italie, puis seront accueillis dans 6 pays, dont la France. Notre pays est fidèle à ses principes: responsabilité, solidarité et coopération européenne".

La France a précisé qu'elle accueillerait 30 personnes, à condition que ce soit "des réfugiés et non des migrants économiques".

L'Eglise d'Italie se prépare pour sa part à recevoir 50 personnes dans son centre de premier accueil de Rocca di Papa, au sud de Rome.

En août 2018, l'Eglise avait déjà aidé à résoudre une crise similaire en accueillant dans le même centre une centaine de migrants bloqués pour les mêmes raisons sur le Diciotti, un autre navire des garde-côtes italiens.

La quasi-totalité des migrants concernés avaient disparu au bout de quelques jours, partis par leurs propres moyens tenter leur chance dans d'autres pays européens.

La fermeté affichée par M. Salvini envers les migrants secourus par les ONG ou même par des policiers ou garde-côtes italiens n'empêche pas les arrivées en Italie. Selon son ministère, plus de 3.700 migrants sont arrivés cette année sur les côtes italiennes, dont 950 en juillet.

Comme avant le lancement des premières opérations de secours fin 2013, la plupart arrivent directement sur les côtes, souvent après plusieurs jours en mer à bord de voiliers depuis la Turquie, de barques ou de canots pneumatiques depuis la Libye ou la Tunisie.

bur-fcc/ljm/sg

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.