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Les membres d'un important réseau de passeurs condamnés par la justice britannique


Vendredi 9 decembre 2022 à 17h41

Londres, 9 déc 2022 (AFP) — Cinq passeurs impliqués dans un réseau soupçonné d'avoir acheminé en camion au moins 1.900 migrants kurdes à partir des Balkans en France ou en Allemagne, et certains au Royaume-Uni, ont été condamnés vendredi à jusqu'à huit ans de prison, selon les autorités britanniques.

Le principal accusé, Tarik Namik, a vu sa peine de huit ans de privation de liberté être assortie d'un mandat d'arrêt, faute de s'être présenté vendredi devant le tribunal de Manchester chargé de l'affaire.

Cet homme de 45 ans était à la tête d'un groupe, tombé en 2017 sous le coup d'une enquête de l'Agence britannique de lutte contre la criminalité (NCA), qui avait une activité "sophistiquée" et "lucrative" consistant à transporter des migrants à partir de l'Irak et de l'Iran.

Tarik Namik était en lien avec d'autres passeurs à l'étranger, l'organisation qu'il dirigeait recourant à des chauffeurs routiers généralement originaires de Turquie.

Des enregistrements retrouvés dans son téléphone suggèrent qu'il a pu être impliqué dans l'acheminement d'au moins 1.900 migrants des Balkans jusqu'en France ou en Allemagne pendant une période de 50 jours, facturant environ 1.800 euros par personne.

Le groupe proposait ensuite, moyennant un coût supplémentaire, deux moyens différents de se rendre au Royaume-Uni.

Le premier consistait à cacher les migrants dans des camions de chauffeurs complices en France ou en Belgique, parfois même derrière le déflecteur au-dessus de la cabine, avant qu'ils ne soient récupérés, généralement par l'un des membres du réseau, chauffeur de taxi.

Condamné vendredi à quatre ans et demi de prison, ce dernier avait été arrêté en novembre 2017 tandis qu'il transportait une femme kurde irakienne qui venait d'arriver en camion à Douvres (sud-est).

L'autre solution était de dissimuler des groupes plus importants à l'arrière du camion d'un chauffeur complice. Une fois arrivés, les migrants demandaient l'asile.

En septembre 2017, neuf migrants avaient été vus en train de descendre d'un camion polonais dans le nord de l'Angleterre. L'un d'eux venait d'appeler les secours. Assoiffé et affamé, le groupe, qui comptait cinq enfants, avait été emmené à l'hôpital.

Les trois autres passeurs impliqués ont été condamnés à des peines allant d'un an et quatre mois à cinq ans et quatre mois de prison pour avoir joué le rôle de coordinateurs.

L'un des responsables de la NCA, Richard Harrison, a estimé que cette organisation cherchait à "déstabiliser le système d'asile" britannique par appât du gain, mettant en danger des "migrants vulnérables, notamment de jeunes enfants".

Le verrouillage croissant du port de Calais côté français et du tunnel sous la Manche a eu pour conséquence une explosion depuis 2018 du nombre des traversées de la Manche à bord de petites embarcations. Plus de 44.000 de ces périlleux périples ont déjà été enregistrés depuis le début de l'année, un record.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.