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Les Kurdes syriens se prononcent sur un système fédéral (responsables)


Mercredi 16 mars 2016 à 15h50

Beyrouth, 16 mars 2016 (AFP) — Les Kurdes de Syrie se réunissaient mercredi pour se prononcer sur la mise en place d'un système fédéral dans les régions sous leur contrôle dans le nord syrien, ont indiqué à l'AFP des responsables.

Plus de 150 représentants de partis kurdes, arabes et assyriens sont rassemblés depuis la matinée à Rmeilane, dans la province de Hassaké (nord-est).

"Cette réunion doit développer un nouveau système de gouvernement pour le nord de la Syrie et les participants penchent pour le fédéralisme", a indiqué Sihanuk Dibo, consultant pour le principal parti politique kurde syrien (PYD).

Cette décision, attendue mercredi ou jeudi, élargira la zone d'"administration autonome" que les Kurdes syriens ont mise en place durant le conflit. Mais elle ne constitue pas un premier pas vers l'indépendance, ont prévenu des responsables.

L'initiative risque néanmoins de rencontrer l'opposition de la Turquie, qui voit d'un mauvais oeil l'établissement d'une zone d'influence kurde à sa frontière avec la Syrie et a bombardé ces dernières semaines des positions kurdes en Syrie.

En plus des trois cantons d'Afrine, Kobané et Jaziré, l'aire géographique de la nouvelle administration kurde engloberait des secteurs récemment pris au groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans le nord et nord-est syriens.

Ces territoires ont été conquis par la branche armée du PYD, les Unités de protection du peuple (YPG), avec le soutien aérien de la coalition internationale antijihadistes.

Selon Mutlu Civiroglu, un expert basé à Washington interrogé par l'AFP, cette annonce kurde constitue un "message politique" adressé "aux Nations unies, aux Etats-Unis, à la Russie et plus spécialement (aux négociateurs réunis) à Genève", pour les prévenir : "Si vous nous ignorez, nous allons déterminer nous-mêmes notre avenir".

Les Kurdes de Syrie sont en effet exclus des négociations intersyriennes indirectes qui se déroulent actuellement à Genève sous l'égide de l'ONU dans le but de trouver une solution politique à un conflit ayant fait plus de 270.000 morts en cinq ans.

Le régime syrien comme le groupe qui rassemble les principales organisations de l'opposition politique et armée (Haut comité des négociations) rejettent catégoriquement l'idée d'une Syrie fédérale.

Le chef de la délégation du régime à Genève, Bachar al-Jaafari, a ainsi indiqué mercredi que le fédéralisme en Syrie serait "un échec total" et créerait des divisions entre les Syriens.

Mais pour Ibrahim Ibrahim, un responsable média des PYD, "un Etat fédéral en Syrie est la meilleure façon de préserver l'unité du pays, car il y a une grande méfiance entre les différentes parties".

La question des Kurdes de Syrie divise aussi les pays qui soutiennent l'opposition au régime de Damas. La Turquie considère les YPG comme le prolongement du PKK, mouvement kurde turc qu'elle qualifie de "terroriste", et reproche aux Etats-Unis leur soutien appuyé à ce groupe, perçu par Washington comme la force antijihadiste la plus efficace sur le terrain.

"L'unité nationale et l'intégrité territoriale de la Syrie sont essentielles, a indiqué à l'AFP une source diplomatique turque à Ankara selon laquelle le peuple syrien doit "décider collectivement" de la future organisation politique du pays.

"Hors de ce cadre, les initiatives unilatérales (comme celle des Kurdes syriens, ndlr) ne peuvent pas être valables", a-t-elle ajouté.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.