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Les Kurdes restent en Irak à condition qu'il soit un Etat fédéral (Barzani)


Mercredi 15 decembre 2010 à 13h22

ERBIL (Irak), 15 déc 2010 (AFP) — Massoud Barzani, aussitôt après sa réélection à la tête de Parti démocratique du Kurdistan (PDK), a affirmé que les Kurdes pourraient se détacher de l'Irak si le pays perdait son caractère fédéral ou était dirigé par des Arabes "chauvins".

"Certains disent: + Les Kurdes veulent leur indépendance, eh bien qu'ils s'en aillent définitivement+. Mais nous leur répondons: +L'Irak est nôtre, l'Irak est notre pays", a-t-il lancé à la tribune à Erbil, à la clôture du 13e congrès de sa formation, tard mardi.

En ouvrant samedi le congrès du PDK, Massoud Barzani avait affirmé que les Kurdes irakiens avaient "droit à l'autodétermination". Cette annonce avait provoqué la stupeur des Arabes sunnites et chiites, qui y ont vu le prélude à une scission de l'Irak.

"Mon message aux frères arabes, qu'ils soient sunnites ou chiites, à nos amis et alliés, à ceux qui n'ont pas compris nos déclarations, est le suivant: nous sommes attachés à un Irak fédéral et démocratique, à sa Constitution, mais nous ne sommes pas prêts à rester dans un Irak dominé par des chauvins", a-t-il lancé. Il faisait allusion à la dictature centralisatrice de Saddam Hussein.

Après une première forme d'autonomie obtenue dans les années 1970, le Kurdistan, qui rassemble trois provinces du nord de l'Irak (Erbil, Dohouk et Souleimaniyeh), s'est véritablement émancipé de la tutelle de Bagdad après la guerre du Golfe, en 1991.

Le Kurdistan possède son propre Parlement et dispose de prérogatives étendues dans tous les domaines, à l'exception des affaires étrangères et de la défense. En outre, les Kurdes sont devenus des faiseurs de rois, car ils sont indispensables pour la formation d'un gouvernement à Bagdad.

Fils de Moustafa Barzani, dirigeant de l'éphémère république kurde proclamée en 1946 à Mahabad, en Iran, Massoud Barzani, qui dirige le PDK depuis 1979, a souligné que les Kurdes "étaient une nationalité et avaient donc le droit à l'autodetermination". "Mais le parlement kurde a décidé de rester à une seule condition: c'est que l'Irak soit un Etat fédéral", a-t-il dit.

En 1920, le traité de Sèvres prévoyait la création d'un Etat kurde sur les restes de l'Empire ottoman. Mais trois ans plus tard, le traité de Lausanne a remplacé celui de Sèvres, divisant le Moyen-Orient en plusieurs pays sans prendre en compte le droit des Kurdes, répartis entre la Turquie, l'Irak, la Syrie et l'Iran.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.