Page Précédente

Les Kurdes menacent de boycotter les élections législatives en Turquie


Jeudi 5 mai 2011 à 22h11

DIYARBAKIR (Turquie), 5 mai 2011 (AFP) — Une organisation rassemblant de nombreux responsables kurdes de Turquie a prévenu jeudi les autorités que si les opérations militaires se poursuivaient contre les rebelles kurdes, elle appellerait au boycottage des élections législatives du 12 juin.

La menace a été proférée alors que de nouveaux affrontements ont eu lieu entre armée et rebelles, et qu'un convoi du parti au pouvoir a été attaqué mercredi.

Réunie à Diyarbakir, la plus grande ville du sud-est à majorité kurde, une plate-forme regroupant notamment le parti pro-kurde BDP (Parti pour la paix et la démocratie) a condamné les opérations militaires et les récentes arrestations de militants.

"Si les choses continuent comme cela, nous envisagerons plusieurs options, dont celle de ne pas prendre part aux élections" législatives, ont déclaré les participants.

"Notre détermination se poursuivra à construire un Kurdistan démocratique et autonome, et à organiser la résistance légitime aux attaques", ont-ils annoncé publiquement.

La semaine dernière, l'armée a tué sept rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est du pays.

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, dont le Parti de la justice et du développement (AKP) a une bonne audience chez les Kurdes plus modérés, a réagi violemment à la menace proférée à Dyarbakir.

"Le BDP cherche à atteindre ses objectifs avec le soutien des terroristes", a-t-il dit.

Et la tension est montée mercredi soir lorsqu'un commando a attaqué à la grenade et au fusil un véhicule de police qui escortait un bus de l'AKP, près de Kastamonu (nord), où M. Erdogan venait de participer à un meeting. Un policier a été tué et un autre blessé.

Le gouverneur de Kastamonu, Erdogan Bektas, a mis en cause le PKK.

Malgré certaines réformes en faveur des Kurdes qui représentent environ 15 millions des 73 millions d'habitants de la Turquie, le gouvernement est accusé d'avoir trompé l'opinion en promettant l'an dernier qu'il allait résoudre le problème kurde, sans prendre de mesures effectives.

Des responsables officiels ont aussi rencontré, sans résultat, le leader du PKK, Abdullah Öcalan, qui purge une peine de prison à vie, pour tenter d'obtenir des rebelles qu'ils cessent une lutte armée qui a démarré en 1984.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.