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Les Kurdes irakiens lancent la bataille de Sinjar contre l'EI


Jeudi 12 novembre 2015 à 17h34

Mont Sinjar (Iraq), 12 nov 2015 (AFP) — Les forces kurdes irakiennes, soutenues par les frappes de la coalition internationale, ont avancé jeudi face au groupe Etat islamique (EI) en bloquant un axe stratégique vers la Syrie près de la ville de Sinjar qu'elles veulent reprendre aux jihadistes.

Couper cette route qui permet à l'EI de faire circuler matériel et hommes entre l'Irak et la Syrie constituerait un coup majeur porté à l'EI.

La reprise de Sinjar, où les jihadistes se sont livrés en août 2014 à de multiples exactions contre sa population yazidie, des Kurdophones, représenterait également une importante victoire sur le plan symbolique.

"L'attaque a commencé à 07H00 et les combattants peshmergas ont avancé sur plusieurs axes pour libérer le centre du district de Sinjar", a déclaré le général kurde Ezzedine Saadoun à l'AFP.

Ils "ont réussi à prendre position le long de la route 47 et commencé à avancer à Sinjar", a précisé la coalition menée par les Etats-Unis.

Des colonnes de fumée se sont élevées au dessus de la ville et de ses environs après les bombardements des forces kurdes et des frappes aériennes de la coalition, selon un journaliste de l'AFP.

La coalition a annoncé avoir mené mercredi 24 frappes dans le secteur de Sinjar et huit de l'autre côté de la frontière, dans la région d'al-Hol, où les Forces démocratiques syriennes, une alliance soutenue par Washington, combattent l'EI.

- 'Etape cruciale' -

Jusqu'à 7.500 combattants kurdes doivent prendre part à l'opération destinée à reprendre Sinjar et à "établir une zone tampon pour protéger (la ville) et ses habitants", a indiqué le conseil de sécurité de la région autonome du Kurdistan. "Les avions de la coalition fourniront un soutien aérien étroit aux forces peshmergas dans cette opération".

Un officier des renseignements militaires américains, le capitaine Chance McCraw, a estimé à Bagdad que les peshmergas allaient être opposés à 300 à 400 jihadistes et devraient faire face aux nombreux engins piégés placés dans la ville.

Sinjar, située à une cinquantaine de km de la frontière syrienne et non loin du Kurdistan irakien, se trouve sur une route stratégique reliant Mossoul (nord), le fief de l'EI en Irak, et les territoires contrôlés par ce groupe en Syrie.

"En prenant Sinjar, nous serons en mesure de couper cette ligne de communication ce qui, nous croyons, affectera la capacité (de l'EI) à se ré-approvisionner", a déclaré le colonel américain Steve Warren, porte-parole de la coalition. Et cela représentera "une première étape cruciale dans l'éventuelle libération de Mossoul", selon lui.

L'EI s'est emparé depuis 2014 de larges pans de territoires au nord et à l'ouest de Bagdad, mettant en déroute les forces irakiennes qui, fortes de l'appui de la coalition, tentent aujourd'hui de reprendre le dessus.

- L'EI 'paralysé' -

Cette offensive à Sinjar intervient par ailleurs au moment où l'EI est sous pression en Syrie, où la Russie a lancé des raids aériens en soutien au président Bachar al-Assad.

L'opération "paralyse l'ennemi" qui "doit prendre maintenant des décisions très difficiles" sur les fronts qu'il doit renforcer, a estimé Steve Warren.

Lors de son offensive en août 2014 sur Sinjar, l'EI avait exécuté de nombreux hommes yazidis, une communauté qu'il considère comme hérétique, et enlevé des centaines de femmes, vendues comme épouses aux jihadistes ou réduites à l'état d'esclave sexuelle, selon Amnesty International. L'assaut avait été décrit par l'ONU comme "une tentative de génocide".

Des dizaines de milliers d'autres Yazidis s'étaient réfugiés sur les Monts Sinjar, y restant pendant des semaines sans eau, ni nourriture et par des températures très élevées.

Du haut de la montagne, quelqu'uns d'entre eux ont suivi le déroulement des combats. "Je suis venu avec deux de mes enfants pour regarder la bataille", a expliqué Burjis Saleh, 60 ans, qui vit dans un camp de personnes déplacées.

"Je suis très heureux car la bataille pour la libération a débuté et que nous allons retourner dans notre ville", a ajouté Qassem Khudaida, un homme de 34 ans qui avait été blessé au pied par l'EI après s'être porté volontaire pour combattre les jihadistes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.