Mercredi 7 septembre 2011 à 10h05
ERBIL (Irak), 7 sept 2011 (AFP) — Les Kurdes irakiens sont déchirés entre la solidarité ethnique avec les mouvements autonomistes du PKK et du PJAK et la pression de la Turquie et de l'Iran qui veulent éradiquer les bases de ces organisations dans le nord de l'Irak.
L'Iran a lancé d'importantes opérations en juillet contre les rebelles kurdes iraniens du Parti pour une vie libre du Kurdistan (PJAK), visant leurs bases arrières dans le Kurdistan irakien dans le nord-est de l'Irak.
"Nous sommes dans une situation difficile. Deux pays (l'Iran et la Turquie) nous demandent de contrôler notre frontière mais d'un autre côté nous avons peur si nous envoyons nos forces d'une guerre interkurde", a reconnu lundi le président du gouvernement autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani.
"Nous essayons avec le président (irakien) Jalal Talabani, la Turquie, l'Iran, le PKK et le PJAK de trouver une solution pour cesser la guerre", a-t-il souligné.
Le mouvement indépendantiste armé kurde de Turquie PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) affirme être présent depuis 1984 dans la montagne Qandil, à cheval sur l'Irak et la Turquie. Les rebelles kurdes iraniens du (PJAK) sont issus du PKK et ont fondé leur parti en 2004.
Il est, sans conteste, difficile pour Barzani, ancien guérillero et fils de guérillero ayant combattu pour obtenir il y a 20 ans l'autonomie territoriale du Kurdistan irakien, de ne pas éprouver de sympathie pour ces Kurdes de l'autre côté des frontières.
Mais pour l'Iran et la Turquie, le PJAK et le PKK, sont une épine dans le pied.
"Il y a une coordination entre les deux pays pour lutter contre le PKK et le PJAK et je crois que la Turquie a donné son feu vert à l'Iran pour accroître la pression contre les combattants du PJAK", a affirmé à l'AFP Youssef Koran, le principal conseiller du bureau politique de l'Union Patriotique du Kurdistan (UPK de Jalal Talabani).
Selon lui, l'Iran a pris cette décision car "d'abord, il est inquiet de l'accroissement des opérations du PJAK".
"Il est clair aussi que la chute récente de régimes (dans la région) fait redouter à certains pays des problèmes internes en raison de la présence de groupes armés à leur frontière", a-t-il ajouté. "Si les attaques ne cessent pas, la bataille continuera car la Turquie et l'Iran veulent absolument faire cesser les activités de ces groupes armés", a-t-il souligné.
En revanche, l'anayste politique kurde irakien Rahman Gharib estime que "le gouvernement iranien essaie de dissimuler ses problèmes intérieurs derrière des problèmes frontaliers avec le PJAK".
Un porte-parole des Gardiens de la révolution, le colonel iranien Hamid Ahmadi, a expliqué à la mi-août qu'une offensive avait été décidée en février contre le mouvement en réponse à une multiplication des actions du PJAK dans les zones frontalières. Il a cité notamment "des enrôlements forcés de jeunes kurdes iraniens, des exactions contre la population locale, et la contrebande".
Selon lui, les premières opérations avaient commencé fin mai, mais les combats ont pris de lampleur à partir de la mi-juillet jusquà "lélimination de tous les éléments contre-révolutionnaires et terroristes".
Le PJAK est accusé par Téhéran davoir commis plusieurs attentats meurtriers au Kurdistan iranien ces dernières années, dont le dernier a fait 12 morts le 22 septembre 2010 à Mahabad.
LIran demande aux autorités irakiennes, et spécifiquement à celles du Kurdistan irakien, de mettre fin à la tolérance dont elles sont accusées à légard du PJAK, et dassurer létanchéité et la sécurité de la frontière avec lIran.
Téhéran a accusé le 11 juillet Massoud Barzani davoir mis à la disposition de PJAK un sanctuaire de 3.000 km2 le long de la frontière iranienne pour y installer des camps doù il lance ses opérations.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.