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Les Kurdes de Turquie fêtent leur nouvel an sous haute sécurité


Mercredi 21 mars 2007 à 15h07

ANKARA, 21 mars 2007 (AFP) — Des centaines de milliers de kurdes de Turquie ont célébré mercredi dans plusieurs villes le Newroz, leur nouvel an, encadrés par d'imposants dispositifs de sécurité.

Aucun incident majeur n'était signalé dans l'après-midi, malgré neuf interpellations à travers le pays.

Des festivités, relativement calme, étaient organisées dans l'ensemble du sud-est anatolien, peuplé majoritairement de kurdes, mais aussi à Istanbul, la première métropole, et à Ankara notamment.

A Diyarbakir, principale ville de cette zone pauvre de Turquie, environ 100.000 personnes se sont rassemblées dès les premières heures de la matinée sur la Place des Foires, lieu traditionnel des festivités, dansant aux mélodies des chansons folkloriques, selon les chaînes de télévision.

Des milliers de policiers soutenus par des véhicules blindés ont été déployés aux abords pour assurer l'ordre sur les lieux.

La police a dû à un moment tirer en l'air lorsque la foule a lancé des pierres contre des agents qui avaient interpellé un groupe de jeunes scandant des slogans en faveur du chef rebelle kurde emprisonné, Abdullah Öcalan, surnommé Apo, a rapporté l'agence Anatolie.

Trois femmes ont été blessées par des jets de pierres dans un autre incident.

Les festivités étaient organisées par le principal parti pro-kurde, le DTP (Parti pour une société démocratique).

Les dirigeants turcs ont mis en garde les kurdes pour que le Newroz soit fêté dans le calme.

"Le Newroz est une journée de fête. Certains pourraient s'en servir pour tenter de diviser notre peuple. J'appelle tout le monde à être vigilant", a ainsi mis en garde le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan à Ankara.

A Istanbul, ils étaient quelque 50.000, selon la police, à se réunir sur un terrain vague de Zeytinburnu, dans la partie européenne de la ville, a constaté un correspondant de l'AFP.

"Une vraie démocratie ou rien" proclamait une banderole tandis qu'un groupe a déployé une photo géante d'Öcalan aux cris assourdissants de "Biji serok Apo" (vive le président Apo, en kurde), provoquant une intervention policière.

Comme le veut la tradition, les gens, dont des femmes portant des vêtements traditionnels, ont sauté sur les feux ou les pneus brûlés.

Les Kurdes de Turquie, une communauté de plus d'une dizaine de millions de personnes, profitent habituellement du Newroz pour réclamer des droits accrus et afficher pour nombre d'eux leur soutien aux séparatistes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), qui combat depuis 1984 les forces turques.

Depuis plusieurs années, des célébrations officielles sont également organisées par l'Etat turc pour cette antique fête païenne qui marque aussi l'arrivée du printemps et est célébré en Iran et dans les communautés musulmanes d'Asie centrale.

En 1992, au moment fort de la rébellion kurde, le 21 mars avait été marqué par des affrontements sanglants entre le PKK et les forces de l'ordre dans le sud-est, faisant une cinquantaine de morts.

Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'UE.

Plus récemment, en 2002, deux personnes avaient été écrasées par un véhicule de la police qui réprimait une violente manifestation à Mersin (sud), qui compte une forte communauté kurde militante.

Mercredi, la police est intervenue dans cette ville pour disperser un petit groupe particulièrement nerveux, sans faire de blessés, ajoute Anatolie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.