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Les Kurdes de Turquie fêtent leur nouvel an sous haute sécurité


Vendredi 21 mars 2008 à 13h10

DIYARBAKIR (Turquie), 21 mars 2008 (AFP) — Les Kurdes de Turquie ont célébré vendredi sous haute sécurité le Newroz, leur nouvel an, près d'un mois après une opération de l'armée turque contre les bases des rebelles kurdes dans le nord de l'Irak.

Le centre traditionnel des rassemblements est Diyarbakir, chef-lieu du sud-est anatolien peuplé majoritairement de Kurdes.

Cette année encore, 60.000 personnes se sont réunies dès le matin sur une immense place située à cinq kilomètres de la ville, pour des célébrations organisées par le principal parti pro-kurde, le DTP (Parti pour une société démocratique).

Des centaines de policiers soutenus par des véhicules blindés ont été déployés aux abords de la place, pour assurer la sécurité. Tous les manifestants ont été fouillés avant d'accéder au lieu du rassemblement.

Les femmes, vêtues de costumes traditionnels aux couleurs jaune, vert et rouge, dansaient aux accents de chansons folkloriques, faisant le V de la victoire.

Des orateurs kurdes se sont adressés à la foule, où se trouvait Leyla Zana, une ex-députée emprisonnée pendant dix ans.

Mme Zana a demandé une amnistie générale pour les rebelles et affirmé que "sans un retour parmi nous des combattants dans les montagnes et ceux qui sont en prison, il ne pourra y avoir de solution" à la question kurde.

Le Newroz était fêté à travers le sud-est mais aussi dans les grandes villes de l'ouest de la Turquie où vivent des communautés kurdes.

Aucun incident majeur n'a été signalé.

A Yüksekova et Viransehir, deux petites villes du sud-est, des heurts ont été signalés toutefois entre policiers et manifestants qui lançaient des slogans en faveur du chef rebelle kurde emprisonné Abdullah Öcalan, selon l'agence Anatolie.

A Cizre, près de la frontière avec l'Irak et la Syrie, cinq personnes ont été légèrement blessées dans des heurts.

Les Kurdes de Turquie, une communauté d'une douzaine de millions de personnes (sur 70 millions), profitent habituellement du Newroz pour réclamer des droits accrus et afficher, pour nombre d'entre eux, leur soutien aux séparatistes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), qui combat depuis 1984 les forces turques.

Le Newroz cette année est célébré moins d'un mois après une incursion des troupes turques dans le nord de l'Irak contre les bases du PKK, au cours de laquelle 240 rebelles ont été tués, selon Ankara.

Tout récemment, le PKK a appelé Ankara au dialogue, promettant a contrario de poursuivre la lutte si la Turquie persistait à choisir l'option militaire.

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan est sous le feu des pressions à l'intérieur du pays et de la part des Etats-Unis, qui fournissent à Ankara des renseignements sur les rebelles réfugiés au Kurdistan irakien, pour accompagner les actions militaires d'initiatives politiques et économiques en faveur des Kurdes, afin d'éroder le soutien populaire au PKK.

M. Erdogan a annoncé la semaine dernière que son gouvernement envisageait d'investir jusqu'à 15 milliards de dollars (9,6 mds d'euros) dans des projets d'infrastructure dans le sud-est et de lancer une chaîne de télévision en kurde.

Mais en même temps, le DTP est menacé, comme d'autres partis pro-kurdes avant lui, par une procédure d'interdiction de la justice qui l'accuse de collusion avec le PKK.

Le gouvernement turc a adopté ces dernières années une panoplie de mesures en faveur des Kurdes, afin de renforcer ses chances d'intégrer l'Union européenne.

Des célébrations officielles ont également été organisées dans les grandes villes pour cette antique fête païenne qui marque aussi l'arrivée du printemps. Le Newroz est aussi célébré en Iran et dans les communautés musulmanes d'Asie centrale.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.