Mercredi 21 mars 2007 à 16h22
MERSIN (Turquie), 21 mars 2007 (AFP) — Des centaines de milliers de kurdes de Turquie ont célébré mercredi le Newroz, leur nouvel an, encadrés par d'imposants dispositifs de sécurité qui n'ont pourtant pas empêché des incidents de se produire, provoquant une cinquantaine d'interpellations.
Des heurts ont ainsi marqué les festivités à Mersin, une ville du sud du pays qui compte une forte communauté de Kurdes immigrés, particulièrement militante.
Un millier de manifestants, pour la plupart des jeunes, se sont heurtés aux forces de l'ordre après les festivités. Plus d'une vingtaine d'entre eux ont été interpellés et il a y eu des blessés, dont on ignore le nombre, lors de l'intervention musclée de la police, selon un photographe de l'AFP.
"Öcalan, Öcalan", scandaient les manifestants, faisant référence au chef rebelle kurde emprisonné Abdullah Öcalan.
La police a procédé en outre à une trentaine d'interpellations dans d'autres villes, notamment du sud-est peuplé majoritairement de Kurdes.
A Diyarbakir, principale ville de cette zone pauvre de Turquie, environ 100.000 personnes se sont rassemblées dès les premières heures de la matinée sur la Place des Foires, lieu traditionnel des festivités, dansant aux mélodies des chansons folkloriques, selon les chaînes de télévision.
Des milliers de policiers soutenus par des véhicules blindés ont été déployés aux abords pour assurer l'ordre sur les lieux.
La police a dû à un moment tirer en l'air lorsque la foule a lancé des pierres contre des agents qui avaient interpellé un groupe de jeunes scandant des slogans en faveur d'Öcalan, surnommé Apo, a rapporté l'agence Anatolie.
Trois femmes ont été blessées par des jets de pierres dans un autre incident.
Les festivités étaient organisées par le principal parti pro-kurde, le DTP (Parti pour une société démocratique).
Les dirigeants turcs ont pourtant mis en garde les Kurdes pour que le Newroz (Nouvel an) soit fêté dans le calme.
A Istanbul, ils étaient quelque 50.000, selon la police, à se réunir sur un terrain vague de Zeytinburnu, dans la partie européenne de la ville.
"Une vraie démocratie ou rien" proclamait une banderole tandis qu'un groupe a déployé une photo géante d'Öcalan aux cris de "Biji serok Apo" (Vive le président Apo), provoquant une intervention policière.
Comme le veut la tradition, les gens, dont des femmes portant des vêtements traditionnels, ont sauté sur les feux ou les pneus brûlés.
Les Kurdes de Turquie, une communauté de plus d'une dizaine de millions de personnes, profitent habituellement du Newroz pour réclamer des droits accrus et afficher pour nombre d'entre eux leur soutien aux séparatistes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), qui combat depuis 1984 les forces turques.
Depuis plusieurs années, des célébrations officielles sont également organisées par l'Etat turc pour cette antique fête païenne qui marque aussi l'arrivée du printemps et est célébrée en Iran et dans les communautés musulmanes d'Asie centrale.
En 1992, au moment fort de la rébellion kurde, le 21 mars avait été marqué par des affrontements sanglants entre le PKK et les forces de l'ordre dans le sud-est, faisant une cinquantaine de morts.
Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'UE.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.