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Les Kurdes de Turquie exigent un statut officiel pour leur langue


Lundi 6 mars 2006 à 17h51

ISTANBUL, 6 mars 2006 (AFP) — Le principal parti pro-kurde de Turquie, le DTP (Parti pour une société démocratique) a demandé lundi au gouvernement d'accorder à la langue kurde le statut de langue officielle et d'annuler les restrictions légales empêchant une représentation des Kurdes au Parlement.

Le DTP a critiqué le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan pour ne pas avoir tenu sa promesse d'apporter une solution démocratique au conflit kurde, tout en lançant un appel à la fois à l'armée et aux rebelles séparatistes kurdes pour mettre un terme à leurs affrontements armés dans le sud-est du pays.

"La violence ne doit pas être considérée comme une option politique", précise un communiqué du DTP qui souligne que la minorité kurde n'a pas de visée séparatiste.

"Toutes les restrictions concernant la langue kurde doivent être levées et cette langue doit accéder au statut de langue officielle aux côtés du turc dans les régions peuplées par les Kurdes", ajoute ce communiqué.

"La loi sur les partis politiques, et notamment le seuil minimum requis pour être représenté au parlement, doit être révisée afin que chacun puisse exercer son droit à être représenté politiquement", souligne le DTP.

Les partis pro-kurdes ne sont jamais parvenus à dépasser le seuil des 10% requis pour entrer au Parlement.

Le DTP a également réitéré son appel à une amnistie générale pour les rebelles du parti interdit des Travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène une campagne séparatiste dans le sud-est depuis 1984.

La violence dans la région a connu une escalade depuis juin 2004, lorsque le PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis a mis un terme au cessez-le-feu qu'il avait déclaré unilatéralement et qu'il observait depuis cinq ans.

Désireuse d'affermir sa crédibilité en tant que régime démocratique afin de s'intégrer à l'Union européenne, la Turquie a levé l'état d'urgence qu'elle avait imposé dans le Sud-Est et autorisé l'enseignement, à titre privé, de la langue kurde ainsi que son usage dans des émissions publiques.

Depuis 1984, les affrontements entre l'armée et les rebelles ont fait quelque 37.000 morts, ravagé l'économie du Sud-Est et fait des millions de déplacés.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.