
Samedi 6 decembre 2025 à 15h16
Istanbul, 6 déc 2025 (AFP) — Les efforts pour parvenir à la paix entre la Turquie et la guérilla kurde dans ce pays ont eu un "impact positif" pour les Kurdes de Syrie, qui souhaitent également engager un dialogue avec Ankara, a dit un de leurs responsables samedi.
A l'initiative de son fondateur et leader historique Abdullah Öcalan, détenu depuis 26 ans, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé en mai qu'il déposait les armes et renonçait à la lutte armée après plus de quarante ans d'une guérilla contre Ankara qui a fait quelque 50.000 morts, se tournant vers la défense pacifique des droits de la minorité kurde en Turquie.
Ce processus a suscité des espoirs parmi les populations kurdes de la région, notamment en Syrie où les Kurdes contrôlent des zones situées dans le nord et le nord-est du pays.
"L'initiative de paix en Turquie a eu un impact direct dans le nord et l'est de la Syrie", a dit Elham Ahmad, haut responsable de l'administration kurde en Syrie.
"Nous voulons un processus de dialogue avec la Turquie (...) Nous voulons que les frontières entre nous soient ouvertes", a-t-elle dit, s'exprimant par vidéo lors d'une conférence de paix organisée à Istanbul par le parti d'opposition prokurde DEM.
Cette responsable kurde, qui parlait en langue turque, a salué le lancement du processus de paix par la Turquie, mais a souligné que la libération d'Abdullah Öcalan - qui a mené le processus depuis sa cellule de la prison de l'île d'Imrali près d'Istanbul où il purge une peine de prison à vie depuis 1999 - accélèrerait les choses.
"Nous avons la conviction que la libération d'Abdullah Öcalan lui permettrait de jouer un rôle plus important (et) que ce processus de paix et de règlement se déroulerait mieux et plus vite", a-t-elle ajouté.
Elle a aussi salué l'approche d'Ankara dans son dialogue avec le nouveau pouvoir installé à Damas après la chute du président Bachar al-Assad il y a un an.
"Le gouvernement turc a un dialogue et une relation avec le gouvernement syrien. Ils ont aussi ouvert des voies de communication avec nous. Nous voyons qu'il y a une approche attentive de ce sujet", a encore dit Elham Ahmad.
La Turquie s'est montrée dans le passé hostile aux forces kurdes SDF qui contrôlent le nord-est de la Turquie avec un soutien américain, les voyant comme une émanation du PKK et demandant leur intégration à l'armée syrienne.
Bien qu'un accord ait été conclu à ce sujet en mars, il n'a jamais été appliqué.
"Dans ce processus historique, au moment où le Moyen-Orient est en cours de réorganisation, la Turquie a un rôle très important. La paix dans les deux pays, dans les sociétés turque, kurde et arabe (...) aura un effet sur le Moyen-Orient dans son entier", a dit Mme Ahmad.
La communauté kurde de Syrie considère la coexistence comme "fondamentale" et ne veut pas voir le pays divisé, a-t-elle ajouté.
"Nous ne sommes pas partisans de la division de la Syrie ni de tout autre pays. De telles divisions ouvrent la voie à de nouvelles guerres. C'est pourquoi nous défendons la paix".
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.