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Les Kurdes de Syrie depuis le début du conflit en 2011


Samedi 12 octobre 2019 à 18h55

Beyrouth, 12 oct 2019 (AFP) — Rappel des étapes-clés qui ont marqué, depuis le début du conflit en 2011, la position des Kurdes de Syrie, dont les forces sont la cible d'une offensive militaire turque.

- Engagement prudent -

Le 1er avril 2011, quelques jours après le début des manifestations contre le régime de Bachar al-Assad ailleurs en Syrie, plusieurs centaines de personnes défilent à Qamichli, Amouda et Hassaké, dans le Nord-Est à majorité kurde.

Alors que leur communauté a souffert de décennies de marginalisation et d'oppression du régime, ils manifestent aux cris de "liberté" mais réclament aussi la nationalité car 20% des Kurdes syriens avaient été privés de leur citoyenneté en 1962 à la suite d'un recensement controversé.

Le 7 avril, le président Assad promulgue un décret octroyant la citoyenneté à des personnes enregistrées comme étrangères dans le gouvernorat de Hassaké, une mesure concernant environ 300.000 personnes.

Mais les jours suivants, des manifestations ont lieu dans plusieurs localités du Nord.

- Soupçons de collusion -

En juin 2012, l'Armée syrienne libre (ASL), mise sur pied par des déserteurs syriens ayant rallié l'opposition, appelle les "frères kurdes" à rejoindre la rébellion.

Les Kurdes, méfiants en majorité envers l'opposition qu'ils jugent peu encline à reconnaître leur spécificité, tentent toutefois de garder leurs régions à l'abri des violences.

En juillet, l'armée se retire de certaines régions kurdes, suscitant des soupçons de collusion avec le pouvoir.

La Turquie accuse Damas d'avoir confié des zones du nord de la Syrie au Parti de l'union démocratique (PYD), qu'elle considère comme la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, qui mène une guérilla sur le sol turc).

- Alliés des Etats-Unis -

En octobre 2014, le département d'Etat révèle que des responsables américains ont rencontré des responsables du PYD dans le cadre de la stratégie des Etats-Unis contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui s'est emparé de vastes territoires en Syrie et en Irak.

Début 2015, les forces kurdes soutenues par les frappes aériennes de la coalition conduite par Washington chassent l'EI de Kobané, proche de la frontière turque.

En octobre, les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG, branche militaire du PYD), sont créées, recevant une aide des Etats-Unis.

Les FDS vont chasser l'EI de son fief de Raqa, puis s'emparer en mars 2019 de son ultime bastion syrien, Baghouz.

- "Région fédérale" -

En 2016, la création d'une "région fédérale" composée de trois cantons est annoncée. Il s'agit d'Afrine (nord-ouest) dans la province d'Alep, Euphrate (nord) sur une partie des provinces d'Alep et de Raqa, et Jaziré (nord-est) qui correspond à la province de Hassaké.

Cette initiative s'apparente à une autonomie de facto, qui reste fragile. Les Kurdes vont alors s'attirer l'inimitié des forces de l'opposition, en plus de l'hostilité de la Turquie voisine.

- "Traîtres" -

Le 18 décembre 2017, le président Assad qualifie les milices kurdes de "traîtres". En réponse, les FDS accusent le régime d'avoir ouvert les frontières du pays aux jihadistes étrangers.

Fin mai 2018, Bachar al-Assad n'exclut pas le recours à la force contre les forces kurdes pour reprendre les régions sous leur contrôle.

Deux mois plus tard, le bras politique des FDS effectue une première visite officielle à Damas, amorçant des négociations qui restent sans suite.

- Giron syrien -

Le 6 octobre 2019, le président américain Donald Trump annonce le retrait des forces américaines déployées dans le Nord syrien, laissant le champ libre à l'intervention d'Ankara. Les FDS dénonceront un "coup de couteau dans le dos".

Le 8, le gouvernement syrien appelle les Kurdes à revenir dans son giron.

Le 9, juste avant le début de l'opération turque, les Kurdes appellent la Russie, pays allié du régime, à jouer un rôle de "garant" dans un processus de "dialogue" avec le régime.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.