Jeudi 10 janvier 2013 à 16h56
PARIS, 10 jan 2013 (AFP) — Aussitôt annoncé le meurtre de trois militantes à Paris, des centaines de Kurdes de France se sont pressés jeudi devant les lieux du crime dans un quartier où ils sont fortement implantés, scandant des slogans pro-PKK et anti-turcs.
A Marseille, plusieurs centaines ont également manifesté derrière une grande banderole noire proclamant: "Hier, trois militantes kurdes ont été assassinées par l'Etat turc à Paris".
"Nous nous vengerons", préviennent de leur côté les manifestants parisiens sur une banderole rédigée en kurde.
Devant l'immeuble où les trois femmes ont été assassinées, près de la gare du Nord à Paris, la foule, très majoritairement masculine, s'est massée dès l'annonce de la nouvelle, sous la surveillance des forces de l'ordre.
Encadrés par un service d'ordre rapidement mobilisé, les manifestants scandent leur colère: "Les martyrs ne meurent jamais!", "Elles ne sont pas mortes!", "Nous sommes tous PKK!", "Turquie assassin, Hollande complice!" ou "Honte à la justice française!".
Ils agitent des drapeaux du PKK et d'autres à l'effigie de son chef charismatique emprisonné en Turquie, Abdullah Öcalan, qui, selon les médias turcs, s'est accordé avec Ankara sur le principe d'un arrêt des hostilités qui ont coûté la vie à plus de 45.000 personnes depuis 1984.
Devant une porte cochère, des femmes aux yeux rougis se soutiennent, l'une hurle: "Turquie fasciste!"
"C'est une vraie tragédie pour les Kurdes", assure Edip Gultekin, 32 ans, en France depuis douze ans. "Depuis des années, on nous assassine, on nous massacre (...). Ca veut dire que même dans un pays comme la France, on n'est plus protégé."
Gule Contay se présente comme une amie d'une des victimes: "Je ne sais pas quoi dire, je suis effondrée, je n'arrive pas à comprendre", "Elles étaient la voix des Kurdes en France et en Europe".
Dans un communiqué distribué sur place, la Fédération des associations kurdes en France appelle "tous les Kurdes d'Europe à se rassembler à Paris pour dénoncer cette attaque". Une manifestation est prévue samedi place de la Bastille.
Les photos des trois victimes sont imprimées sous forme de vignettes que les manifestants épinglent sur leurs poitrines.
Les cris et les slogans redoublent quand les corps, drapés dans des housses bleues, sont évacués du "Centre d'information de Kurdistan", au 1er étage d'un immeuble sans plaque, vers l'institut médico-légal de Paris.
Ls manifestants partent en cortège vers le siège voisin de la fédération des associations kurdes de France, dans la rue d'Enghien voisine, où après quelques discours, ils se dispersent dans le calme vers 13H00.
"Sans accuser la France", Songül Karabulut, présidente de la commission des affaires étrangères du Congrès national du Kurdistan, s'interroge: "Je voudrais aussi que la France se pose la question: Pourquoi?".
Dans la matinée, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls est venu sur place leur dire la "détermination des autorités françaises" à élucider ce crime.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.