Page Précédente

Les Kurdes d'Irak réclament la fermeture des bases militaires turques


Mardi 26 février 2008 à 20h48

ERBIL (Irak), 26 fév 2008 (AFP) — Des Kurdes irakiens, dont les députés du Parlement régional du Kurdistan, ont réclamé mardi la fermeture des quatre bases turques présentes depuis plus d'une décennie dans le nord de l'Irak, où les troupes turques mènent une offensive contre des rebelles turcs.

Dans les années 1990, des chefs militaires kurdes avaient invité l'armée turque à établir des bases au Kurdistan irakien, alors que faisaient rage les combats entre factions kurdes rivales.

Nechirvan Barzani, le Premier ministre du gouvernement régional kurde, a déclaré dimanche qu'un accord permettant à la Turquie d'avoir quatre bases militaires dans la région kurde était en vigueur depuis 1997.

Mais mardi, le Parlement régional du Kurdistan a adopté une résolution demandant au gouvernement régional d'exhorter la Turquie à les fermer.

"Nous exigeons que le gouvernement turc quitte les bases qui avaient été établies au Kurdistan en raison des circonstances exceptionnelles que la région traversait avant la chute du régime" de Saddam Hussein, indique le texte de la résolution.

Ces bases sont situées à Barmeni, Girilok, Kanimasi et Sircy, dans le nord de l'Irak. Celle de Barmeni se trouve sur le site d'une ancienne piste d'atterrissage utilisée par Saddam Hussein, exécuté en décembre 2006.

Le Parlement a également condamné l'opération militaire de l'armée turque visant depuis jeudi les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui utilisent cette région comme base arrière pour leurs opérations en Turquie.

La résolution demande au gouvernement américain de "protéger la souveraineté de l'Irak et l'espace aérien au-dessus de la région du Kurdistan", et appelle les autorités de Bagdad à soumettre le problème au Conseil de sécurité des Nations unies, à l'Union européenne et à la Ligue arabe.

Des Kurdes irakiens vivant à proximité de la frontière avec la Turquie ont également exigé la fermeture des bases.

"Lorsque je vois les soldats turcs aller et venir, j'ai l'impression de voir l'ennemi", explique Yassine Ahmed, 37 ans, un mécanicien agricole de Barmeni, où la base suscite la haine des habitants. "Je veux les voir partir".

Ahmed, propriétaire d'un magasin de pièces détachées automobiles, raconte qu'il a refusé d'en vendre une à un soldat turc. "Je leur ai dit qu'elle n'était pas à vendre. Je leur tourne toujours le dos".

Kamal Mohamed Abdelrahim, un peshmerga de 55 ans, affirme avoir empêché avec ses amis des chars de quitter la base voilà quelques jours. "Nous leur avons dit: +vous n'êtes pas autorisés à quitter la base et vous n'avez qu'à nous rouler sur le corps+".

Pour sa part, le gouvernement irakien a qualifié l'opération turque d'"inacceptable", estimant qu'elle menaçait les bonnes relations entre les deux pays voisins.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.