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Les Kurdes d'Irak, longtemps persécutés sous Saddam Hussein


Mardi 17 octobre 2017 à 17h01

Bagdad, 17 oct 2017 (AFP) — La communauté kurde irakienne a longtemps été persécutée, en particulier sous le régime de l'ex-dictateur Saddam Hussein. Elle représente 15 à 20% de la population d'Irak, soit 5 à 6 millions de personnes vivant dans le nord du pays riche en pétrole.

Peuple d'origine indo-européenne et musulmans sunnites dans leur majorité, les Kurdes sont aussi établis en Turquie, en Iran et en Syrie.

- Premières révoltes -

La lutte nationale kurde, engagée pendant le mandat britannique, est relancée en septembre 1961 par le Parti démocratique kurde (PDK) de Moustapha Barzani, créé en 1946.

En mars 1970, le Baas irakien concède la création d'une région kurde. Mais quatre ans plus tard, les combats reprennent après le rejet par Moustapha Barzani de ce statut.

- Scission -

En 1975, les accords d'Alger visant à mettre fin au conflit frontalier entre Téhéran et Bagdad, font perdre aux Kurdes le soutien de l'Iran. La rébellion kurde s'effondre.

Le PDK connaît une scission avec la création par Jalal Talabani de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), avec un programme révolutionnaire.

- Anfal -

En 1987-1988, à la fin de la guerre Irak-Iran, le régime de Saddam Hussein lance une violente campagne contre les Kurdes, baptisée Anfal. Près de 180.000 Kurdes sont tués et plus de 3.000 villages détruits. Le régime force des milliers de Kurdes à quitter leur foyer et les "remplace" par des Arabes, dans le cadre d'une politique d'"arabisation".

Bagdad utilise des gaz chimiques contre le village de Halabja (nord-est), tuant 5.000 personnes.

- Autonomie de fait -

Après la défaite irakienne lors de guerre du Golfe de 1991, les Kurdes se soulèvent, mais la répression provoque un exode, poussant les Etats-Unis et leurs alliés à instaurer une zone d'exclusion aérienne pour les protéger.

Dès 1992, les Kurdes irakiens élisent un Parlement et constituent un gouvernement. Le PDK contrôle le nord de la région (jusqu'à la Turquie), l'UPK le sud (jusqu'à l'Iran).

- Guerre fratricide -

Mais en 1994, l'UPK et le PDK s'affrontent sur la question du partage des ressources du territoire, notamment des taxes prélevées par le PDK sur le trafic frontalier avec la Turquie. Les violences interkurdes font 3.000 morts en quatre ans.

En 1998, Massoud Barzani et Jalal Talabani, réunis à Washington, signent un accord visant à régler leurs divergences.

En 2002, ils concluent un accord de paix, qui voit entre autres le Parlement unifié réactivé.

- L'autonomie légalisée -

En 2003, les Kurdes s'allient aux troupes américaines dans leur guerre pour renverser Saddam Hussein. MM. Talabani et Barzani enterrent la hache de guerre. Le Kurdistan irakien se constitue en région autonome aux termes de la Constitution irakienne de 2005, qui instaure une République fédérale.

En juin, Massoud Barzani est élu président de la région par le Parlement kurde, installé quelques mois auparavant. Jalal Talabani avait été désigné en avril président de l'Irak. En janvier 2006, MM. Talabani (récemment décédé) et Barzani signent un accord pour mettre en place une seule administration.

- Crise -

En juin 2014, les forces kurdes prennent le contrôle de la ville pétrolière de Kirkouk, à la faveur du chaos créé par la percée fulgurante des jihadistes du groupe Etat islamique (EI). Devant la débandade des forces irakiennes aux premiers mois de l'offensive jihadiste, les troupes kurdes vont étendre leur contrôle sur des territoires du Nord, notamment dans la province de Kirkouk (nord-est).

Le 25 septembre 2017, le Kurdistan irakien vote à près de 93% en faveur de l'indépendance lors d'un référendum organisé à l'initiative de Massoud Barzani mais auquel s'oppose Bagdad. La province de Kirkouk y participe malgré l'opposition du pouvoir central irakien.

Le 15 octobre, les troupes gouvernementales irakiennes lancent une opération pour réimposer l'autorité du pouvoir central dans cette province. Selon des responsables, leur avancée a été facilitée par le fait qu'une grande partie des peshmergas de l'UPK se sont retirés de leur plein gré.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.