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Les génocides dans le monde


Jeudi 22 septembre 2022 à 09h37

Paris, 22 sept 2022 (AFP) — Le génocide, crime pour lequel Khieu Samphan, dernier dignitaire cambodgien encore vivant, a été condamné jeudi, est une notion entrée dans le droit international après la Shoah.

Plusieurs génocides ont été reconnus par la justice internationale ou des États.

- Une notion juridique

Le mot génocide a été employé pour la première fois dans un cadre juridique lors de la mise en accusation des responsables nazis dans le procès de Nuremberg en 1945.

L'extermination des Juifs mise en oeuvre par les nazis en Europe en 1939-45 a fait six millions de morts. Tous les pays occupés ou alliés au IIIe Reich ont fait déporter des Juifs dans les camps d'extermination, sauf le Danemark et la Bulgarie. Des tziganes et des homosexuels ont aussi été déportés.

En droit international, le génocide est reconnu depuis 1948 par la convention des Nations unies, qui énumère une série de crimes le constituant, dont le meurtre commis "avec l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux".

- La Namibie, premier génocide

L'Allemagne a reconnu en mai 2021 avoir commis "un génocide" en Namibie pendant l'ère coloniale.

Des historiens considéraient déjà le massacre de dizaines de milliers de Herero et de Nama entre 1904 et 1908 comme le premier génocide du 20e siècle.

- L'Arménie

L'Arménie qualifie de génocide le massacre de 1,5 million d'Arméniens par les troupes de l'empire ottoman pendant la Première Guerre mondiale.

Pllus de vingt pays et de nombreux historiens reconnaissent le génocide arménien.

La Turquie, issue du démantèlement de l'empire ottoman en 1920, reconnaît des massacres mais récuse fermement le terme de génocide, évoquant une guerre civile en Anatolie, doublée d'une famine, dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs sont morts.

- Cambodge

Sous les Khmers rouges (avril 1975-janvier 1979), quelque deux millions de Cambodgiens sont morts d'épuisement, famine, maladie ou à la suite de tortures et d'exécutions.

Nuon Chea, idéologue du régime, et Khieu Samphan, chef de l'Etat khmer rouge, ont été condamnés en 2018 pour génocide par un tribunal soutenu par l'ONU. Nuon Chea est depuis décédé. La condamnation de Khieu Samphan a été confirmée jeudi en appel.

- Les Tutsi au Rwanda

Le génocide commis en 1994 au Rwanda, à l'instigation du régime extrémiste hutu alors au pouvoir, a fait plus de 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsi, mais aussi chez les Hutu modérés, selon l'ONU.

Les massacres à grande échelle ont débuté après un attentat contre l'avion du président rwandais Juvénal Habyarimana, qui était soutenu par Paris.

La France a mis en place, avec le feu vert de l'ONU, l'opération militaro-humanitaire "Turquoise", qui lui vaudra d'être accusée par le Front patriotique rwandais (FPR) de protéger les génocidaires.

Le président Emmanuel Macron a reconnu en 2021 les "responsabilités" de la France.

De nombreux Rwandais ont été condamnés par la justice de leur pays, la justice internationale ou celle de pays occidentaux.

- Srebrenica

Le massacre de Srebrenica (est de la Bosnie), lors duquel près de 8.000 hommes et adolescents musulmans ont été assassinés en 1995 par les Serbes de Bosnie, a été reconnu en 2007 comme génocide par la Cour internationale de justice (CIJ).

Les ex-chefs politique et militaire, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, ont été condamnés à la prison à vie.

- Soudan

En août 2021, le Soudan a annoncé son intention de remettre à la Cour pénale internationale (CPI) son ex-président Omar el-Béchir, réclamé par la Cour depuis plus de dix ans pour "génocide" au Darfour, où un conflit débuté en 2003 a fait plus de 300.000 morts.

- Les Yazidis en Irak -

En août 2014, les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) se sont livrés selon l'ONU en Irak à un potentiel génocide des Yazidis, une minorité ethnoreligieuse kurdophone. Fin 2021, la justice allemande a condamné un jihadiste irakien pour "génocide" des Yazidis, une première mondiale. En juillet le Bundestag a recommandé de reconnaître le "génocide" des Yazidis.

- Les Rohingyas en Birmanie

En août 2017, environ 750.000 Rohingyas ont fui une brutale offensive, lancée par l'armée en Birmanie, s'exilant au Bangladesh voisin, où se trouvaient déjà plus de 100.000 réfugiés, victimes de précédentes violences.

La Birmanie a été accusée de "génocide" devant la CIJ. La CPI a également ouvert une enquête.

En 2022, Washington a pour la première fois reconnu que des Rohingyas avaient été victimes d'un "génocide".

- Les Ouïghours en Chine

Des études occidentales accusent Pékin d'avoir interné plus d'un million de Ouïghours et d'autres minorités turcophones dans des "camps de rééducation" dans le Xinjiang (nord-ouest), voire de leur imposer du "travail forcé" ou des "stérilisations forcées".

Washigton et plusieurs pays évoquent un "génocide", ce que Pékin dément, affirmant qu'il s'agit de centres de formation professionnelle destinés à combattre l'extrémisme religieux et assurer la stabilité sociale.

Dans un rapport fin août, l'ONU a évoqué de possibles "crimes contre l'humanité", sans mentionner le terme de génocide.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.