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Les forces kurdes poussent aux portes de Mossoul


Mardi 8 novembre 2016 à 17h02

Bachiqa (Irak), 8 nov 2016 (AFP) — Les combattants kurdes irakiens ont fait sauter l'un des derniers verrous du groupe Etat islamique (EI) aux portes de Mossoul, en prenant mardi la ville de Bachiqa.

Cette avancée resserre encore l'étau sur les milliers de jihadistes qui défendent leur fief du nord de l'Irak, attaqué sur plusieurs fronts par les troupes irakiennes et leurs alliés depuis le 17 octobre.

A quelque 400 km à l'ouest, en Syrie, la force arabo-kurde continue à progresser vers Raqa, l'autre grande ville encore contrôlée par l'EI.

Ces deux offensives sont soutenues par les Etats-Unis, qui déploient des conseillers au sol et mènent, à la tête d'une coalition internationale, des raids aériens destructeurs sur les positions de l'EI. Le président Barack Obama espère engranger un succès militaire avant de laisser son poste, en janvier, à son successeur qui doit être élu mardi.

La prise de Bachiqa, ville située à une douzaine de km au nord-est de Mossoul, était l'un des objectifs fixés aux peshmergas, les combattants kurdes, dans la vaste opération lancée par Bagdad.

Assiégée depuis quinze jours, Bachiqa est "sous le contrôle total" des peshmergas, a annoncé mardi à l'AFP Jabbar Yawar, un responsable de la région autonome du Kurdistan irakien. Ils "sont en train de ratisser la ville et de la déminer", a-t-il précisé.

Ces opérations sont délicates à mener car les jihadistes ont l'habitude, lorsqu'ils sont acculés, de mener des attaques kamikazes et de piéger avec des explosifs les rues et les maisons.

"Il y avait des terroristes cachés dans des maisons, ils voulaient prendre la fuite", notamment par des souterrains, mais "13 d'entre eux ont été tués", a précisé le responsable kurde.

Une journaliste de l'AFP présente à la périphérie de Bachiqa a observé que des combats sporadiques se poursuivaient mardi et que de nouvelles frappes aériennes étaient menées.

- Charnier découvert -

Parallèlement, les forces irakiennes continuent à traquer les jihadistes rue après rue, maison après maison, dans les quartiers de l'est de Mossoul, se dirigeant lentement vers le centre et le fleuve Tigre qui traverse la ville.

Et au sud, d'autres unités irakiennes se rapprochent de la périphérie après avoir pris lundi la ville de Hamam al-Alil, à une quinzaine de km.

Dans cette ville, elles ont découvert un charnier où étaient visibles des morceaux de corps et d'os. "Il y a environ 25 corps visibles, mais cela ne signifie pas qu'il s'agisse du nombre total. Nous pensons qu'il y a un très grand nombre de cadavres", a indiqué Mohammed Taher al-Tamimi, un responsable des enquêteurs.

Selon un habitant, l'EI a mené des exécutions sur ce site.

Par ailleurs, l'ONU a annoncé que, selon des informations recueillies sur place, les jihadistes "avaient déplacé de force quelque 1.500 familles de Hamam al-Alil vers l'aéroport" de Mossoul le 4 novembre.

Elle a aussi évoqué "l'enlèvement d'au moins 295 anciens membres des forces de sécurité irakiennes" par les jihadistes à l'ouest de Mossoul, autour de la ville stratégique de Tal Afar.

- Raqa se rapproche -

En Syrie, la route vers Raqa se dégage progressivement pour les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes mais qui comprennent aussi des Arabes et des Turkmènes. Elles avancent sans trop rencontrer d'obstacles depuis le nord, sur un territoire désertique et peu peuplé.

"Deux villages de plus ont été libérés depuis hier (...) Les combats se poursuivent et le moral est bon", a indiqué à l'AFP la porte-parole de l'offensive, Jihan Cheikh Ahmad.

Cette femme, qui avait annoncé dimanche le lancement de l'opération, a précisé que "des centaines de combattantes" rejoignaient "les rangs au fur et à mesure".

La participation de femmes kurdes aux opérations militaires est une tradition. Les forces kurdes incluent ainsi une branche féminine, les YPJ (Unités de défense de la femme kurde), qui s'est illustrée dans la prise de plusieurs villes à l'EI comme Kobané.

L'opération "Colère de l'Euphrate" est destinée dans un premier temps à isoler Raqa, une ville qui comptait 240.000 habitants avant la guerre, en coupant les axes de communication.

Les commandants de l'offensive et les experts s'attendent à une longue bataille. "L'EI défendra son bastion car il sait que la perte de Raqa signifiera sa fin en Syrie", selon le porte-parole des FDS, Talal Sello.

Washington se montre également prudent sur les prochaines étapes de l'opération en raison notamment des tensions avec la Turquie, qui veut s'impliquer dans la reprise de Raqa, une ville à majorité arabe sunnite. Ankara craint que les milices kurdes ne renforcent leur emprise sur le nord de la Syrie en prenant pied à Raqa.

burs/jri/vl

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.