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Les dissidents de Goran veulent une "insurrection pacifique" au Kurdistan


Samedi 6 mars 2010 à 11h13

SOULEIMANIYEH (Irak), 6 mars 2010 (AFP) — Encouragés par leur succès aux élections locales, les dissidents de Goran croient pouvoir créer la surprise aux élections législatives en suscitant une "insurrection pacifique" contre les partis traditionnels à travers les urnes.

En juillet, Goran (changement) s'était hissé à la deuxième place aux élections au parlement kurde.

Depuis il s'efforce de briser l'hégémonie des deux partis traditionnels le parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) du président irakien Jalal Talabani en espérant remporter la majorité des sièges à Souleimaniyeh pour le scrutin législatif ce dimanche.

"C'est une insurrection pacifique", assure avec un sourire Mohammed Tawfiq Rahim, secrétaire général adjoint du mouvement dans son quartier général de Souleimaniyeh, la deuxième ville du Kurdistan (270 km au nord de Bagdad).

"Au Kurdistan, nous avons besoin d'un nouveau système politique", explique ce diplômé d'ingénierie d'une université britannique.

"Nous parlons de la séparation des pouvoirs, de l'indépendance du pouvoir judiciaire, d'un Parlement créatif et de limiter les ingérences des partis politiques dans les affaires courantes du gouvernement", insiste M. Rahim.

Rahim, qui n'est pas candidat aux législatives, estime que son parti peut conquérir entre 17 à 20 sièges à Souleimaniyeh, dans l'autre province kurde d'Erbil et à Kirkouk, une riche province pétrolière multiethnique que les kurdes veulent annexer.

Goran avait remporté en juillet 23,57% des suffrages pour le parlement kurde en axant sa campagne sur la corruption. Les élections de ce dimanche seront le premier test national de Goran.

Cette formation, dirigée par Noucherwan Mustapha, ancien numéro deux de l'UPK, est composée d'autres transfuges du parti de M. Talabani qui dominait jusqu'à il y a quelques mois la vie politique dans le Kurdistan avec le PDK de Massoud Barzani, le président de la région autonome.

Ces deux partis avaient lancé une rébellion contre Saddam Hussein le 5 mars 1991, peu après la fin de la guerre du Golfe qui a suivi l'invasion du Koweït par les troupes de l'ancien président irakien.

Pour la première fois, le succès de Goran offre une alternative crédible à l'électorat face à l'hégémonie de l'UPK et du PDK, ce qui provoque des tensions avec les forces historiques qui dégénèrent sporadiquement en violences armées.

Vendredi, des affrontements ont opposé à Halabja des partisans de Goran et à ceux de sa rivale, l'Alliance kurde (composée de l'UKP et du PDK), faisant cinq blessés.

Mais le succès de Goran ne semble pas perturber outre mesure les partis historiques. "Goran est en perte de popularité", affirme Imad Ahmed, dirigeant du parti de M. Talabani et ancien vice-premier ministre du Kurdistan.

"Plusieurs de leurs partisans sont retournés dans le giron de l'UPK. Ils ne constituent pas une menace pour nous. Historiquement, plusieurs formations comme Goran ont fait leur apparition avant de disparaître", ajoute-t-il.

Pour le dirigeant de l'UPK, Goran n'a pas de plate-forme politique. C'est un groupe qui veut rester dans l'opposition et capitaliser sur la colère des gens, assure-t-il.

Ce point de vue est rejeté par Sarko Osmane, 47 ans, candidat sur la liste de de Goran à Souleimaniyeh.

"En juillet, nous avons fait campagne pour le changement car les gens réclament l'amélioration des services, des salaires, des logements", dit-il.

"Maintenant notre objectif est de gagner le scrutin et d'aller au Parlement à Bagdad pour défendre les préoccupations nationales kurdes", déclare Osmane, qui fut membre de l'UPK pendant 29 ans.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.