Jeudi 23 juin 2011 à 13h58
DIYARBAKIR (Turquie), 23 juin 2011 (AFP) — Les députés kurdes élus lors des législatives du 12 juin vont boycotter le Parlement turc pour protester contre l'invalidation de l'élection de l'un d'entre eux, a affirmé jeudi un responsable du principal parti pro-kurde de Turquie.
"La décision a été prise de ne pas aller au Parlement" lorsqu'il effectuera sa rentrée mardi, a déclaré un cadre du Parti pour la paix et la démocratie (BDP), parlant sous le couvert de l'anonymat.
La décision devait être rapidement confirmée par un communiqué, dès la fin de la réunion des députés et responsables du BDP à Diyarbakir, la principale ville du sud-est anatolien, à la population en majorité kurde.
Les députés kurdes sont au nombre de 36, y compris celui qui vient d'être invalidé, sur un total de 550.
Soutenus par le BDP, ils se sont présentés comme indépendants pour contourner un seuil électoral de 10% au niveau national empêchant de facto le parti de présenter des candidats sous ses propres couleurs.
La décision du BDP risque d'attiser les tensions entre Ankara et la communauté kurde alors que les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte depuis 1984, ont présenté des conditions drastiques pour renouveler un cessez-le-feu décrété unilatéralement en août 2010.
Le Haut conseil des élections (YSK) a décidé mardi soir d'invalider l'élection de Hatip Dicle, élu le 12 juin à Diyarbakir avec le soutien du BDP, au motif que celui-ci n'aurait pas du participer au scrutin en raison d'une condamnation pour "propagande terroriste".
Hatip Dicle a été condamné à 20 mois de prison et cette condamnation a été maintenue par la Cour d'appel seulement quatre jours avant les élections, après la confirmation des listes de candidats pour le scrutin.
Ce vétéran de la politique kurde, qui est actuellement en détention préventive pour une autre affaire, aurait du sortir de prison après son élection au Parlement, cette élection devant lui octroyer une immunité parlementaire.
Son siège a été attribué à une candidate du Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) au pouvoir, qui dispose désormais de 327 députés.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.