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Les députés kurdes nouvellement élus vont boycotter le parlement turc


Jeudi 23 juin 2011 à 15h28

DIYARBAKIR (Turquie), 23 juin 2011 (AFP) — Les députés kurdes élus lors des législatives du 12 juin ont annoncé jeudi à Diyarbakir, la principale ville du sud-est anatolien peuplé de Kurdes, qu'ils allaient boycotter le Parlement turc pour protester contre l'invalidation de l'élection de l'un d'entre eux.

La décision du BDP risque d'attiser les tensions entre Ankara et la communauté kurde alors que les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte depuis 1984, ont présenté des conditions drastiques pour renouveler un cessez-le-feu décrété unilatéralement en août 2010.

Un porte-parole des 35 députés kurdes a dénoncé jeudi la décision prise mardi par le Haut conseil des élections (YSK) d'invalider l'élection de Hatip Dicle, leur 36e élu, critiquant une mesure de "manoeuvre et d'obstruction" visant à empêcher une résolution pacifique du conflit kurde, qui a fait quelque 45.000 morts.

"Nous n'irons pas au Parlement tant que le gouvernement et le Parlement n'auront pas pris de mesures concrètes pour remédier à cette injustice et offrir des opportunités pour une résolution en ouvrant la voie à des politiques démocratiques", a déclaré le député Sefarettin Elçi.

M. Elçi s'adressait aux journalistes à Diyarbakir après une réunion extraordinaire du Parti pour la paix et la démocratie (BDP).

Les nouveaux élus kurdes, enregistrés comme indépendants, sont en fait des membres du BDP qui n'a pas pu les présenter sous ses propres couleurs en raison d'un seuil électoral de 10% au niveau national qui aurait empêché leur élection.

M. Elçi a appelé le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) au pouvoir à "rendre immédiatement le siège volé à son propriétaire".

Le siège de M. Dicle a été attribué à une candidate de l'AKP, qui dispose désormais de 327 députés sur 550.

Le Parlement doit se réunir mardi pour une cérémonie de prestation de serment.

Le YSK a décidé mardi soir d'invalider l'élection de Hatip Dicle, élu à Diyarbakir, au motif que celui-ci n'aurait pas du participer au scrutin en raison d'une condamnation pour "propagande terroriste".

Hatip Dicle a été condamné à 20 mois de prison et cette condamnation a été maintenue par la Cour d'appel seulement quatre jours avant les élections, après la confirmation des listes de candidats pour le scrutin.

Ce vétéran de la politique kurde, qui est actuellement en détention préventive pour une autre affaire, aurait du sortir de prison après son élection, celle-ci devant lui octroyer une immunité parlementaire.

Hatip Dicle, 57 ans, avait fait partie des premiers nationalistes kurdes à enlever un siège au parlement, en 1991.

Ces députés avaient été arrêtés en 1994 après l'interdiction de leur parti pour liens avec le PKK, passant 10 ans en prison. Parmi eux se trouvait Leyla Zana, la pasionaria kurde, qui a également été élue le 12 juin.

Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par Ankara et de nombreux pays. Il a posé lundi comme conditions pour reconduire un trêve unilatérale décrétée le 13 août 2010 un arrêt des opérations militaires et la reconnaissance de son chef emprisonné, Abdullah Öcalan, comme interlocuteur pour un règlement de la question kurde.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.