Samedi 12 decembre 2009 à 15h06
ANKARA, 12 déc 2009 (AFP) — Les députés du principal parti pro-kurde de Turquie ont annoncé samedi qu'ils boycotteraient le Parlement turc et de nouvelles manifestations ont eu lieu dans le pays, pour protester contre la dissolution du parti, la veille, par la justice.
"Notre groupe (parlementaire) s'est de fait retiré du Parlement, à partir d'aujourd'hui. Il ne participera plus aux travaux" du Parlement, a déclaré à la presse Ahmet Türk, co-président du Parti pour une société démocratique (DTP).
La Cour constitutionnelle a prononcé vendredi la dissolution du DTP, qui est accusé de liens avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un mouvement en lutte depuis 25 ans contre le régime d'Ankara, et qui est qualifié de terroriste par la Turquie et de nombreux pays.
Le DTP dispose aujourd'hui de 19 députés (sur 550) au Parlement, deux députés du parti, dont M. Türk, ayant été dépossédés de leur siège vendredi avec la décision d'interdiction.
Des manifestations violentes ont eu lieu samedi dans le sud-est du pays, où habite la majorité des quelque 12 millions de Kurdes de Turquie, sur une population totale de 71 millions d'habitants.
La police a tiré des gaz lacrymogènes et utilisé des canons à eau face à une foule en colère dans la ville d'Hakkari (sud-est), certains manifestants lançant des pierres sur les forces de l'ordre, selon l'agence de presse turque Anatolie.
Un groupe de manifestants a tenté de lyncher un responsable de la police et un simple policier, qui ont finalement été relâchés après l'intervention de responsables politiques locaux.
Des manifestations ont eu lieu également dans la ville proche de Yuksekova, et à Van, où un policier a été blessé, selon Anatolie.
Vendredi soir, des manifestations avaient été organisées à Diyarbakir, principale ville du sud-est, et à Istanbul.
La décision de la justice a placé le gouvernement dans une situation délicate, au moment où il vient d'annoncer une "ouverture démocratique" à la communauté kurde, pour tenter de mettre fin à un conflit qui a fait au moins 45.000 morts.
Les propositions faites par le gouvernement concernent en particulier l'utilisation de la langue kurde, et sont présentées comme une première étape.
"La démocratie suivra son cours. Nous pensons que la politique l'emportera", a déclaré M. Türk, dans une allusion au fait que les députés du DTP pourraient se regrouper sous la bannière d'un nouveau parti.
L'Union européenne, à laquelle la Turquie souhaite adhérer, a exprimé son "inquiétude" vendredi, après l'annonce de la dissolution du DTP, demandant à Ankara d'entreprendre des réformes pour aligner la loi turque sur les partis aux normes européennes.
Le contexte politique autour de la question kurde s'est alourdi la semaine dernière lorsqu'une personne a été tuée lors de manifestations pour dénoncer les conditions de détention du chef du PKK, Abdullah Öcalan.
Le PKK a répondu en tuant sept soldats dans une embuscade, lundi, dans le nord du pays.
L'armée turque a pour sa part tué neuf rebelles kurdes, lors d'une opération menée avec l'Iran dans le sud-est de la Turquie, a-t-on appris jeudi.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.