Page Précédente

Les autorités kurdes irakiennes accusent Ankara d'avoir bombardé un village


Mercredi 17 mai 2006 à 21h14

ERBIL (Irak), 17 mai 2006 (AFP) — Le gouvernement autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak, a accusé mercredi l'armée turque d'avoir bombardé dans l'après-midi un village kurde près de la frontière.

"Cet après-midi, des tirs d'artillerie de l'armée turque ont atteint le village de Kafer Shour, près de la ville de Kani Masi", a indiqué le Dr Khaled Salih, ministre d'Etat dans le gouvernement régional kurde irakien.

La ville de Kani Masi se trouve à proximité de la frontière avec la Turquie et avec l'Iran, dans la province de Dohouk, l'une des trois provinces formant la région autonome du Kurdistan irakien.

"Trois obus d'artillerie se sont abattus sur le village, mais personne n'a été blessé", a ajouté le responsable kurde.

Ankara a massé des milliers de soldats à la frontière avec l'Irak, pour prévenir toute incursion des séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui dispose de plusieurs camps dans le nord de l'Irak.

Le 30 avril et le 1er mai, ce sont les forces armées iraniennes qui ont bombardé des positions du PKK, pénétrant de 5 km en Irak et contraignant à la fuite des dizaines de familles dans la région de Souleimaniyah, dans le nord du Kurdistan, à 330 km au nord de Bagdad, selon le gouvernement irakien.

Le 5 mai, les autorités kurdes autonomes avaient mis en garde les séparatistes kurdes turcs du PKK contre toute attaque visant la Turquie ou l'Iran à partir du territoire irakien.

"Ils (le PKK) se trouvent sur notre sol, nous voulons qu'ils respectent la loi et qu'ils ne se servent pas de notre territoire pour lancer des attaques" contre l'Iran et la Turquie, avait déclaré à l'AFP Imad Ahmed, vice-Premier ministre de la province de Souleimaniyah.

"Nous voulons qu'ils quittent notre pays pacifiquement. S'ils veulent rester, ils doivent utiliser la voie politique et non les armes" pour leur cause, a indiqué M. Ahmed.

Le PKK avait menacé le 3 mai la Turquie de représailles si ses troupes pénètraient en Irak pour attaquer ses bases.

"Si les forces turques franchissent la frontière, la guerre s'étendra. L'Etat turc et le Premier ministre (Recep Tayyip) Erdogan seront responsables du chaos qui en résultera, y compris en Turquie", avait affirmé Mourad Karialan, membre du bureau politique du PKK au Kurdistan irakien.

"Nous ne voulons pas la guerre, mais nous nous défendrons contre toute incursion des forces turques. Nous riposterons en conduisant une guerre générale contre la Turquie, partout sur tous les plans, militaire, politique, économique et social", avait-il ajouté.

Le PKK, qui se bat depuis 1984 pour l'indépendance du Sud-Est anatolien --le conflit a fait plus de 37.000 morts à ce jour-- et qui est considéré par Ankara, les Etats-Unis et l'Union européenne comme une organisation terroriste, a multiplié ses opérations depuis quelques mois.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.