Samedi 10 février 2007 à 02h02
PARIS, 10 fév 2007 (AFP) — Les quinze Kurdes interpellés en début de semaine en Ile-de-France (région parisienne) et en Bretagne (ouest), parmi lesquels des cadres européens de l'organisation séparatiste kurde PKK, ont été mis en examen vendredi à Paris pour des activités terroristes présumées, a-t-on appris de sources proches du dossier.
Quatorze d'entre eux ont été placés en détention provisoire par le juge des libertés et de la détention (JLD) conformément aux réquisitions du parquet de Paris, selon ces mêmes sources.
Tous membres actifs du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), ils sont poursuivis pour certaines ou la totalité des infractions d'"association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", "blanchiment d'argent en relation avec une entreprise terroriste" et de "financement du terrorisme", selon ces mêmes sources.
Ils ont été mis en examen par les juges antiterroristes parisiens Thierry Fragnoli et Philippe Coirre, qui instruisent le dossier avec Jean-Louis Bruguière.
Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis, se bat depuis 1984 pour l'indépendance du Sud-Est de la Turquie peuplé majoritairement de Kurdes.
Le conflit déclenché par le chef rebelle Abdullah Öcalan condamné à la prison en vie en Turquie où il est détenu depuis 1999, a fait environ 37.000 morts.
Parmi les quinze mis en examen, quatorze Turcs et un Australien d'origine kurde, dont une femme, régulièrement installés en France, figurent Riza Altun et Nedim Seven, respectivement le représentant et le "trésorier" du PKK en Europe.
"Ces mises en examen s'inscrivent dans un mouvement de criminalisation et donc de disqualification de peuples qui luttent contre l'oppression et pour la reconnaissance de droits fondamentaux", a déclaré à l'AFP Me William Bourdon, avocat de trois mis en examen dont Riza Altun.
Une femme de 33 ans, Canan Kurtyilmaz, une cadre du PKK domiciliée à Paris a également été appréhendée lundi en Belgique. Son extradition vers la France pourrait intervenir "prochainement", selon des sources proches du dossier.
Elle était accompagnée de Zübeyir Aydar, un ancien député kurde évincé du Parlement turc et chef de l'aile politique du PKK.
Les personnes poursuivies sont soupçonnées d'avoir participé au financement d'attentats commis en Turquie par le TAK, les "Faucons de la liberté", une émanation du PKK, ainsi qu'à des combats au Kurdistan irakien.
La justice les suspecte également de blanchiment d'argent.
En juillet 2006, deux Kurdes de Turquie avaient été interpellés alors qu'ils changeaient 200.000 euros en dollars, sans pouvoir justifier la provenance de cette somme. Ces arrestations ont marqué le début de l'affaire.
Sur cet argent et sur 110.000 autres euros saisis par la suite, d'"importantes traces de cocaïne ont été découvertes", selon une source proche du dossier.
Au cours de perquisitions effectuées lundi aux domiciles des interpellés et dans un centre culturel Kurde du Xe arrondissement de Paris, les enquêteurs ont saisi "des documents, des ordinateurs, des faux papiers, une arme de poing" et quelques 34.000 euros en espèce.
Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) a demandé mercredi la libération des Kurdes interpellés "et l'arrêt des mesures policières à l'encontre des organisations kurdes".
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.