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Léon XIV s'érige en défenseur des pauvres dans son premier texte majeur


Jeudi 9 octobre 2025 à 15h18

Cité du Vatican, 9 oct 2025 (AFP) — Le pape Léon XIV appelle à placer la lutte contre la pauvreté au centre de la mission de l'Église catholique dans le premier texte majeur de son pontificat, publié jeudi et qui s'inscrit dans la lignée de son prédécesseur François.

Dans "Dilexi Te" ("Je t'ai aimé", en latin), signé le 4 octobre - jour de la fête de François d'Assise, le saint patron des pauvres - le pape américano-péruvien appelle à un changement de mentalité vis-à-vis des marginalisés, fustigeant le manque d'équité du système économique mondial et "une culture qui rejette les autres".

"Nous devons nous engager davantage à résoudre les causes structurelles de la pauvreté", exhorte le chef de l'Eglise catholique alors que près de 700 millions de personnes dans le monde, soit 8,5% de la population, vivaient avec moins de 2,15 dollars par jour en 2024, le seuil de l'extrême pauvreté, selon la Banque mondiale.

Décliné en 121 points, ce texte à la forte tonalité sociale place pleinement Léon XIV dans les pas de son prédécesseur argentin, qui avait dénoncé sans relâche les dérives d'un système capitaliste guidé par la spéculation financière au détriment des marginalisés et de l'environnement.

Robert Francis Prevost y reprend ainsi à son compte la critique de "la dictature d'une économie qui tue" et de la "tyrannie invisible" des marchés financiers, appelant les fidèles "à faire entendre une voix qui dénonce".

Cette exhortation apostolique - un document officiel dans lequel le pape enseigne les fidèles sur des questions spirituelles, sociales ou morales - reprend le titre de la dernière encyclique de François ("Dilexit nos"), cité abondamment.

Le jésuite, décédé en avril après 12 ans de pontificat, avait lui-même commencé à écrire ce texte, mais le Vatican n'a pas précisé dans quelles proportions. "C'est 100% François et 100% Léon", a éludé le cardinal canadien Michael Czerny jeudi lors d'une conférence de presse au Vatican.

- Plaidoyer pour les migrants -

Membre de l'ordre mendiant de Saint-Augustin, Léon XIV, qui fut missionnaire au Pérou, rappelle l'importance de la charité, critiquant l'hypocrisie de certains chrétiens "contaminés" par "des idéologies mondaines" et la "croissance de certaines élites riches qui vivent dans une bulle de conditions luxueuses".

Le pontife de 70 ans insiste également sur l'accueil des migrants, autre priorité de François: "Là où le monde voit des menaces, (l'Eglise) voit des fils; là où l'on construit des murs, elle construit des ponts", écrit-il.

Des propos susceptibles de crisper encore davantage la frange conservatrice des catholiques américains, alors que la politique antimigratoire du président américain Donald Trump et sa campagne d'expulsions massives suscitent des critiques croissantes.

Fin septembre, le pape, natif de Chicago, s'était déjà attiré les critiques de la Maison Blanche en dénonçant le "traitement inhumain des immigrants aux États-Unis".

Dans "Dilexi Te", il regrette aussi que les naufrages meurtriers d'embarcations soient "relégués au rang d'informations marginales". Il rappelle le sort d'Alan Kurdi, un enfant syrien kurde de trois ans retrouvé mort noyé sur une plage en 2015, qui avait provoqué une onde de choc mondiale.

Pour le chef de l'Eglise, la défense des pauvres passe, entre autres, par le soin des malades, la lutte contre l'esclavage et la malnutrition, les oeuvres caritatives, la défense des femmes victimes de violence ou le droit à l'éducation.

"Ce texte vient nous dire qu'on ne pourra pas dire que le pape François aura été une parenthèse dans l'Eglise", a commenté auprès de l'AFP Fr. Frédéric-Marie Le Méhauté, provincial des frères mineurs de France-Belgique et docteur en théologie.

"C'est le même enseignement qui est assumé depuis 2000 ans: Léon XIV se situe dans cet héritage."

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.