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Le vétéran jihadiste Thomas Barnouin apparaît dans une vidéo des forces kurdes


Mercredi 10 janvier 2018 à 18h41

Paris, 10 jan 2018 (AFP) — Le vétéran jihadiste Thomas Barnouin est apparu mercredi dans une vidéo d'un organe de propagande des forces kurdes qui le détiennent en Syrie, dans laquelle il affirme avoir été "trompé" par l'Etat islamique et voulu le fuir.

Tourné, coupé et monté par les forces kurdes (YPG), cet entretien ne permet pas de savoir si les propos de Thomas Barnouin, 36 ans, membre de la nébuleuse jihadiste du Sud-Ouest dans laquelle ont gravité Mohamed Merah et les frères Clain, sont libres ou tenus sous la contrainte.

Le jihadiste a en tout cas été formellement identifié auprès de l'AFP par une source policière d'Albi, la ville du Tarn dont il est originaire.

Les YPG avaient déjà publié lundi deux vidéos dans lesquelles apparaissait Emilie König, figure de la mouvance jihadiste française, qu'ils détiennent également et qui, selon son avocat, demande à être jugée en France.

La publication de ces vidéos intervient alors que le gouvernement français a déclaré qu'il n'irait "pas nécessairement chercher" les jihadistes français détenus en Syrie ou en Irak, et qu'ils y seraient jugés si les institutions locales le permettent.

Thomas Barnouin a été arrêté à la mi-décembre en Syrie, avec cinq autres jihadistes français dont les identités ont été confirmées par les YPG : Kevin Gonot, 32 ans, Mohamed Megherbi, 36 ans, Romain Garnier, 31 ans, Thomas Collange, 30 ans, et Najib Megherbi, 35 ans.

Il semble se présenter dans la vidéo comme un repenti de l'EI, qu'il avait rejoint en 2014, affirmant que le groupe jihadiste a "peut-être été créé" par des cadres de l'ancien régime irakien de Saddam Hussein et des "services de renseignements étrangers" uniquement pour mettre la main sur les ressources pétrolières de la région.

"Ils ne sont pas honnêtes, ce sont des criminels" qui "ont formé" l'EI "pour tromper les musulmans du monde entier" et "les faire venir" sur place pour combattre pour eux. "Beaucoup" de ces musulmans" ont été tués dans ces batailles pour le pétrole", affirme-t-il.

Pour ces raisons, il affirme qu'il était en train de fuir l'EI avec les autres Français lorsqu'il a été arrêté par les YPG.

La prise de conscience qu'il décrit est tardive et intervient en pleine déroute de l'EI, à qui les forces arabo-kurdes en Syrie et l'armée en Irak ont repris ces deux dernières années la très grande majorité de son vaste territoire conquis en 2014.

Converti à l'islam vers 2000, Thomas Barnouin s'est progressivement radicalisé en fréquentant des mosquées à Albi, Toulouse et Château-Chinon. En février 2014, il décidait de repartir en Syrie, avec sa femme et ses enfants, avant que les autorités ne perdent sa trace.

Six hommes, ayant pris le chemin du jihad en Syrie via une filiale dans laquelle M. Barnouin aurait joué un rôle prépondérant, ont été condamnés en octobre à Paris à des peines allant jusqu'à 15 ans de prison. L'Albigeois est visé par un mandat de recherche délivré par la justice française.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.