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Le Turc Erdogan veut écrire une "nouvelle page" avec l'Américain Trump


Vendredi 28 avril 2017 à 16h49

Istanbul, 28 avr 2017 (AFP) — Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé vendredi le voeu d'écrire une "nouvelle page" des relations avec les Etats-Unis lors d'une rencontre prochaine avec son homologue Donald Trump, après des mois de tensions liées à la Syrie et au putsch manqué.

La première rencontre entre les deux dirigeants, prévue le 16 mai à Washington, donnera l'occasion aux deux alliés au sein de l'Otan et de la coalition antijihadiste de redorer une relation abîmée par plusieurs différends sous la présidence Obama.

"Je suis convaincu que nous écrirons avec M. Trump une nouvelle page dans les relations turco-américaines", a déclaré vendredi M. Erdogan lors d'un colloque organisé par le thinktank Atlantic Council à Istanbul.

Mais pour cela, les deux hommes devront surmonter deux points de désaccord majeurs : le soutien américain aux milices kurdes YPG en Syrie, condamné par Ankara, et la demande d'extradition turque du prédicateur Fethullah Gülen, restée lettre morte à Washington.

"Le soutien, l'aide concrète que les Etats-Unis apportent aux YPG sont en train de nuire à l'esprit d'alliance" entre les deux pays, a prévenu M. Erdogan vendredi.

Ces déclarations surviennent dans un climat tendu à la frontière turco-syrienne, où des soldats turcs et des membres des YPG (Unités de protection du peuple kurde) échangent sporadiquement des tirs depuis trois jours.

L'armée turque a affirmé avoir encore riposté vendredi à des tirs de roquettes des YPG, ajoutant avoir "neutralisé" 11 combattants kurdes.

- 'Solidarité' -

Les YPG sont la principale composante des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes luttant contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie et soutenus par les Etats-Unis.

Mais Ankara considère ce groupe comme l'extension en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation séparatiste qui livre une sanglante lutte armée contre Ankara depuis 1984, et est classée "terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux.

"Ce que nous attendons, c'est que (les Américains) comprennent l'étendue de la menace à laquelle nous faisons face et qu'ils fassent preuve de solidarité", a déclaré le chef de l'Etat turc.

Les Etats-Unis ont vivement critiqué cette semaine des frappes turques contre un QG des YPG dans le nord-est de la Syrie qui ont fait 28 morts.

M. Erdogan a accusé vendredi les YPG de vouloir établir un Etat kurde dans le nord de la Syrie, et prévenu que la Turquie ne laisserait "jamais" un tel projet se concrétiser.

Ce désaccord au sujet des milices kurdes a jusqu'à présent fait obstacle à toute coopération entre la Turquie et les Etats-Unis pour chasser l'EI de son bastion syrien de Raqa.

- 'Sérieusement incommodés' -

Le président turc a indiqué qu'il tenterait lors de son déplacement à Washington de convaincre M. Trump de ne pas s'appuyer sur les YPG, mais sur des rebelles arabes syriens entraînés par Ankara pour marcher sur Raqa.

Une opération contre Raqa, "ce n'est rien pour nous autres, la Turquie, les Etats-Unis, les membres de la coalition internationale (antijihadiste) (...) Si nous n'y parvenons pas, alors pourquoi existons-nous?", a lancé M. Erdogan.

Le chef de l'Etat turc a également indiqué qu'il réitérerait la demande d'extradition visant le prédicateur Fethullah Gülen, qui vit en exil aux Etats-Unis et qu'Ankara désigne comme l'instigateur du putsch manqué en juillet.

"Nous attendons des Etats-Unis qu'ils arrêtent ou qu'ils renvoient (M. Gülen) en Turquie pour qu'il y soit jugé", a déclaré M. Erdogan.

Le fait que M. Gülen, qui nie toute implication dans le putsch avorté, "puisse continuer de mener librement ses activités (...) nous incommode sérieusement", a-t-il ajouté.

Ancien conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, le général américain James Jones, qui s'exprimait lors du colloque à Istanbul, a dit s'attendre à de bonnes relations entre MM. Erdogan et Trump.

"Je suis optimiste du fait que la relation personnelle au niveau présidentiel démarre sur de bonnes bases", a-t-il déclaré. "C'est encourageant pour la suite".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.