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Le sort de Jaafari presque scellé, avec le rejet des Kurdes et des sunnites


Lundi 10 avril 2006 à 12h06

BAGDAD, 10 avr 2006 (AFP) — Les leaders sunnites et kurdes ont rejeté la candidature au poste de Premier ministre du chef du gouvernement sortant, Ibrahim Jaafari, alors que plus de 100 chiites ont été tués en une semaine lors d'une nouvelle vague de violences en Irak.

Les Kurdes et les sunnites, qui reprochent à M. Jaafari de ne pas être parvenu à juguler les violences confessionnelles, aggravées par l'attaque contre un mausolée chiite à Samarra, au nord de Bagdad, en février, ont souligné lundi que le Premier ministre sortant ne pouvait pas rester à son poste.

"Nous avons envoyé une lettre à nos frères chiites expliquant que notre position n'a pas changé (et nous rejetons) la candidature du Premier ministre Ibrahim Jaafari", a indiqué Thafer al-Ani, porte-parole du Front de la concorde nationale, principale liste sunnite qui compte 44 sièges au parlement sur 275.

"Ils recevront la lettre dans peu de temps", a-t-il ajouté.

Dimanche soir, l'un des négociateurs kurdes avait annoncé que la coalition kurde avait rejeté une nouvelle fois la candidature d'Ibrahim Jaafari.

"Nous avons rejeté à nouveau la candidature de M. Jaafari", avait indiqué à l'AFP le député Mahmoud Osmane, après une rencontre entre des chefs de la coalition kurde et des représentants de la liste de M. Jaafari, venus demander aux Kurdes quelle était leur position définitive quant à sa candidature.

Les leaders de l'Alliance unifiée irakienne, chiite, le bloc le plus important au Parlement irakien, avait tenté une dernière fois dimanche de sauver le poste de M. Jaafari en créant une commission chargée de recueillir la position finale des sunnites et des Kurdes sur le Premier ministre.

Outre les contacts avec les sunnites et les Kurdes, la commission va "explorer les avis des parties internationales sur le sujet", avait indiqué une source proche des négociations.

"Si la candidature de M. Jaafari est rejetée par tous, la porte sera ouverte à d'autres candidats", a-t-elle ajouté.

Sans l'aval des Kurdes et des sunnites, un gouvernement d'union nationale, prôné tout particulièrement par les Etats-Unis, est quasiment impossible et l'Alliance se voit obligée de proposer un autre candidat.

Au sein même de son propre camp, M. Jaafari avait fait l'objet de critiques, la plus importante étant venue du vice-président, le chiite modéré Adel Abdel Mahdi, face auquel M. Jaafari avait été choisi comme candidat en février par l'Alliance avec une seule voix de différence.

Dimanche, l'ambassadeur américain Zalmay Khalilzad en Irak a estimé que l'impasse politique allait bientôt être résolue.

"D'autres parties (Kurdes, sunnites) ont eu des objections à cette nomination (de Jaafari). Et ils essaient de trouver une solution (...) Avec un peu de chance, ils résoudront ça dans les deux prochains jours", a-t-il déclaré à CNN.

Le vide politique auquel est confronté l'Irak depuis plus de trois mois, date des élections, a été accompagné par de nombreuses violences, en particulier confessionnelles.

Si bien que certains dirigeants étrangers, comme le président égyptien Hosni Moubarak, le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud al-Fayçal, et même le vice-ministre irakien de l'Intérieur Hussein Ali Kamal, n'ont pas hésité à parler de "guerre civile". Terme catégoriquement démenti dimanche par le président kurde, Jalal Talabani, M. Jaafari, un chiite et le chef sunnite temporaire du Parlement, Adnane Pachachi.

Plus de 100 chiites sont morts la semaine dernière dans une série d'attentats visant des sites religieux, la dernière attaque, un triple attentat suicide contre une mosquée chiite vendredi à Bagdad, ayant fait 90 tués et 175 blessés.

Par ailleurs, 30 employés d'une société de sécurité irakienne ont été arrêtés après que la police eut découvert qu'ils étaient en train de planifier des opérations "terroristes", a déclaré lundi le ministère de l'Intérieur.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.