Lundi 10 avril 2006 à 21h25
BAGDAD, 10 avr 2006 (AFP) — Sunnites et Kurdes ont maintenu leur rejet de la reconduction du Premier ministre Ibrahim Jaafari, scellant presque le sort de celui qui est accusé de ne pas faire assez pour juguler la violence endémique en Irak.
Plus de 100 chiites ont été tués en une semaine, faisant craindre une recrudescence de la violence confessionnelle dans le pays, à l'image des heurts survenus en février après une attaque contre un mausolée chiite à Samarra, faisant plus de 450 morts.
Les Kurdes et les sunnites reprochent à M. Jaafari, un chiite, de ne pas être parvenu à endiguer les violences, alors que la formation d'un gouvernement dont la priorité sera de rétablir la sécurité tarde près de quatre mois après les élections du 15 décembre.
A Washington, le président George W. Bush a augmenté la pression, en soulignant que la formation du gouvernement était "cruciale" pour diminuer la violence.
L'Alliance unifiée irakienne (AUI -chiite), gagnante des élections et qui avait nommé M. Jaafari comme son candidat au poste de Premier ministre, doit se réunir mardi pour discuter de cette candidature, a déclaré lundi un chef du Parti Fadhila, membre du bloc parlementaire, Nadim Jabiri.
Elle devra "éventuellement s'entendre sur un autre nom", a dit M. Jabiri.
Le porte-parole du Front de la concorde nationale, principale liste sunnite avec 44 des 275 sièges au Parlement, Zafer al-Ani, a indiqué que son groupe avait "envoyé une lettre aux frères chiites expliquant que notre position n'a pas changé" sur le rejet du Premier ministre sortant.
La liste laïque de l'ex-Premier ministre chiite Iyad Allaoui a également confirmé son refus de cette candidature, tout comme les représentants kurdes qui ont rencontre la veille des représentants de la liste du Premier ministre.
L'AUI, tentant de sauver le poste de M. Jaafari, a créé une commission chargée de recueillir la position finale des sunnites et des Kurdes et d'"explorer les avis des parties internationales", selon une source proche des négociations.
"Si la candidature de M. Jaafari est rejetée par tous, la porte sera ouverte à d'autres candidats", a-t-elle ajouté.
Dans son propre camp, M. Jaafari fait l'objet de critiques, surtout du vice-président, le chiite modéré Adel Abdel Mahdi, qui avait perdu d'une seule voix face à M. Jaafari au moment de sa nomination comme candidat de l'AUI.
Sans l'aval des Kurdes et des sunnites, un gouvernement d'union nationale est quasiment impossible.
Certains dirigeants étrangers, comme le président égyptien Hosni Moubarak et le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud al-Fayçal n'ont pas hésité à parler de "guerre civile" en Irak. Ce qui a été catégoriquement rejeté par les dirigeants irakiens.
Lundi encore, trois membres d'une famille chiite ont été tués par des hommes armés qui ont pénétré dans leur maison à Bagdad, selon un responsable du ministère de l'Intérieur.
L'armée américaine a annoncé le décès de trois soldats dans dans la province sunnite rebelle d'Al-Anbar (ouest).
Elle a en outre affirmé avoir tué une "terroriste" armée et blessé trois suspects dans un raid contre un repaire présumé du réseau Al-Qaïda dans le nord du pays. A Falloujah, à l'ouest de Bagdad, trois rebelles ont été tués par les forces irako-américaines, selon des sources sécuritaires.
Les autorités irakiennes ont indiqué avoir arrêté une trentaine d'employés d'une société de sécurité irakienne soupçonnés de planifier des opérations "terroristes".
De son côté, le gouvernement allemand a fait savoir qu'il faisait son possible pour obtenir la libération des deux otages allemands en Irak, en jugeant que la vidéo diffusée dimanche sur internet était un signe qu'ils étaient encore vivants.
Enfin, le procès de Saddam Hussein jugé pour l'exécution de villageois chiites dans les années 1980 reprend mercredi à Bagdad. La 20ème audience devrait être marquée par la présentation de nouveaux documents de l'accusation.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.