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Le procès de Saddam reprend le jour anniversaire des attentats du 11 septembre


Samedi 9 septembre 2006 à 13h27

BAGDAD, 9 sept 2006 (AFP) — Le procès de Saddam Hussein, accusé de génocide pour les campagnes de répression au Kurdistan reprend lundi, jour anniversaire des attentats anti-américains du 11 septembre avec le témoignage de six Kurdes irakiens.

Les audiences avaient été suspendues pendant trois semaines.

Le retour de Saddam devant le Haut tribunal pénal irakien le jour du 5ème anniversaire des attentats va alimenter le débat aux Etats-Unis sur les raisons de l'invasion américaine qui a renversé l'ancien président irakien et abouti à son arrestation.

Cette polémique a été ravivée vendredi par un rapport du Sénat contredisant plusieurs affirmations de l'administration Bush sur des liens entre Saddam Hussein et le réseau terroriste Al-Qaïda.

Pour le moment, l'ancien homme fort est jugé pour son rôle dans les campagnes militaires d'al-Anfal qui auraient fait jusqu'à 180.000 morts en 1987 et 1988 au Kurdistan irakien (nord). Plusieurs charges pèsent contre lui: génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Six de ses lieutenants, dont Ali Hassan al-Majid, surnommé "Ali le chimique" en raison de son recours au gaz contre les populations civiles, comparaissent à ses côtés.

Le procès s'est ouvert le 21 août, et au fil des audiences, des villageois kurdes sont venus raconter commenant leurs villages avaient été gazés, leurs champs détruits, et leurs familles décimées dans des camps de la mort.

"Nous attendons au moins six témoins lundi lors de la reprise du procès", a indiqué un responsable américain proche du tribunal, ajoutant que trois audiences sont prévues la semaine prochaine.

Jusqu'à présent, six Kurdes -quatre femmes et deux hommes- ont témoigné à visage découvert devant le tribunal, accusant Saddam Hussein et ses co-accusés d'avoir eu recours au bombardement chimique contre leur village au Kurdistan.

Durant le premier procès de Saddam Hussein consacré au massacre de 148 villageois chiites après une attaque contre le convoi présidentiel, à Doujaïl, en 1982, les témoins parlaient derrière un rideau, de crainte des représailles des rebelles restés loyaux à l'ancien président.

Alors que ce procès avait été marqué par des explosions de colère, des insultes, la sortie spectaculaires des accusés et de plusieurs grèves de la faim de Saddam, le procès d'Anfal semble plus serein.

Cela n'a pas empêché les témoins de soulager leur douleur. "Que Dieu les aveugle", avait lancé Adiba Oala Bayez, une femme de 45 ans. Elle avait raconté au tribunal comme elle et toute sa famille avaient perdu la vue pendant une période après le lachage de gaz par des avions irakiens sur son village de Belisand, le 16 avril 1987.

"Je hurlais car je ne voulais pas perdre mes enfants. Je ne les voyais pas et ils ne me voyaient pas", a-t-elle raconté.

Saddam Hussein est resté la plupart du temps silencieux durant les trois premiers jours du procès, sauf quand le procureur, Mounkithe al-Faroun, a accusé les troupes irakiennes d'avoir violé de nombreuses femmes au cours des campagnes Anfal.

"S'il affirme qu'une seule femme irakienne a été violée à mon époque et qu'il ne peut pas le prouver, je le pourchasserai jusqu'à la fin de mes jours", a tonné Saddam Hussein.

"Une femme irakienne violée à mon époque ? Sous le règne de Saddam ? Saddam ne va pas accepter cela", avait-il poursuivi, avant de raconter comment il avait fait exécuter un soldat coupable de viol lors de l'invasion du Koweït en 1990.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.