Mercredi 8 novembre 2006 à 16h09
BAGDAD, 8 nov 2006 (AFP) — Le procès de l'ancien président irakien Saddam Hussein, jugé pour génocide contre les Kurdes, a été ajourné mercredi au 27 novembre, le juge voulant donner à la défense le temps nécessaire pour présenter ses témoins.
Le juge Mohammed al-Oreibi al-Khalifa a ajourné au 27 novembre le procès, après les témoignages de quatre survivants des campagnes militaires d'Anfal en 1987-1988 dans le Kurdistan, qui ont fait 180.000 morts selon l'accusation.
Il s'agit selon lui de "donner le temps nécessaire à la défense pour qu'elle puisse présenter le nom de ses témoins".
Le président déchu et six ex-dirigeants sont jugés pour avoir ordonné et mis en oeuvre les campagnes d'Anfal. Tous risquent la peine de mort.
Saddam Hussein a été condamné dimanche à mort par pendaison dans un autre procès concernant l'exécution de 148 villageois chiites dans les années 1980, en représailles à un attentat contre le convoi présidentiel.
Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, dans une interview à la BBC, a dit s'attendre "à ce que l'exécution se déroule avant la fin de cette année".
Un seul des avocats de la défense, Badia Aref, était présent mercredi à la 22 audience du procès Anfal. Les autres avocats boycottent la cour et sont remplacés par un avocat commis d'office.
Le tribunal a continué d'entendre des témoins de l'accusation, dont Asia Tahir, une femme de 64 ans portant un foulard orné de drapeaux kurdes, qui a raconté le "bombardement chimique" de son village de Cuiza (nord) en août 1988.
"Les soldats sont arrivés trois jours après et ont brûlé notre village. Ils nous ont assuré que nous n'avions rien à craindre, que Saddam lui-même avait promis d'épargner nos vies, alors nous avons abandonné nos refuges dans des grottes et nous nous sommes rendus", a-t-elle expliqué.
"Ils ont séparé les hommes des femmes et des enfants. Je n'ai jamais revu mon mari, mon neveu et les 28 membres de ma famille arrêtés avec moi. Nous avons ensuite été abandonnés pendant un an et demi dans une région désertique près d'Erbil, manquant de tout. Une vingtaine d'enfants sont morts de diarrhée avant que nous n'ayons la permission de rentrer chez nous", a-t-elle ajouté.
"Je dénonce Saddam et Ali le chimique pour ces crimes. Je demande compensation pour le sang de mon mari et de mon fils", a-t-elle conclu.
Auparavant, deux anciens combattants kurdes ont fait des récits similaires.
L'ancien directeur du renseignement militaire, Sabir al-Douri, l'un des accusés, a affirmé que des soldats iraniens se trouvaient alors dans cette région, à la fin de la guerre entre les deux pays en 1988 et a accusé les peshmergas de combattre à leurs côtés.
Alors que l'avocat de la défense Badia Aref affirmait qu'il pourrait demander la comparution comme témoin le président irakien Jalal Talabani, l'accusé Farhan al-Joubouri, un ancien général responsable du renseignement militaire, a remercié M. Talabani, un ancien peshmerga (combattant kurde).
"J'ai personnellement entendu à la radio le président Talabani affirmer qu'il était prêt à venir témoigner si je le lui demandais. J'apprécie cette position et je me contente de cette déclaration", a-t-il dit, suggérant qu'il ne demanderait pas à le faire comparaître.
Saddam Hussein avait appelé mardi Kurdes et Arabes "à se réconcilier", tout en récusant les témoignages de rescapés de massacres perpétrés sous son régime.
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