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Le procès de Saddam Hussein ajourné au 17 octobre


Mercredi 11 octobre 2006 à 16h12

BAGDAD, 11 oct 2006 (AFP) — Le procès de Saddam Hussein pour génocide contre les Kurdes a été ajourné au 17 octobre, a annoncé mercredi le tribunal à l'issue d'une journée sans incident qui a tranché avec le tumulte de la veille.

L'ancien président irakien et ses six-coaccusés ont entendu, mercredi, trois témoins kurdes décrire les souffrances, les brutalités et les décès qui ont frappé leurs familles lorsque l'armée irakienne a lancé son offensive contre les villages du Kurdistan en 1988.

Les accusés sont jugés pour avoir ordonné et exécuté cette offensive, appelée Anfal, qui a fait plus de 180.000 morts, selon l'accusation. Tous risquent la peine de mort.

Au cours de son témoignage, une Kurde, Razu Papapaya, a de nouveau parlé de Hajaj, chef de la prison de Nougrat Salam, véritable camp de la mort, selon les témoins, situé dans le désert dans l'extrême sud de l'Irak.

Plusieurs témoins ont déjà mentionné les sévices, et la brutalité sauvage que Hajaj manifestait à l'égard des prisonniers et prisonnières. Elles ont notamment indiqué que des femmes étaient chaque jour violées dans son bureau.

Mercredi, Razu Papapaya, qui a également été détenue à Nougrat Salam, a rapporté qu'un jour, Hajaj "avait ligoté un homme venu de Halabja (au Kurdistan) à la cage de but du terrain de football de la prison. Il l'avait alors longuement frappé aux pieds".

Elle a également indiqué qu'elle avait été conduite dans une autre prison près de Samawa (270 km au sud-est de Bagdad) "où certains membres de son groupe avaient été contraints par un officier d'imiter le cri des ânes et des chiens".

Razu Papapaya a déclaré avoir dû fuir son village du Kurdistan au début de l'offensive de l'armée irakienne, avoir été arrêtée et avoir assisté à la mort de ses deux jeunes fils.

Le procès s'est ouvert le 21 août devant le haut tribunal pénal irakien, qui siège dans la zone fortifiée de Bagdad.

La quinzième journée d'audience s'est déroulée dans le calme, mercredi, au lendemain de l'expulsion tumultueuse du tribunal de Saddam Hussein puis des six autres accusés. Une dispute avait éclaté avec le juge Mohammed al-Oreibi al-Khalifa lorsque Saddam Hussein avait déclamé un verset du Coran: "Combats les et Dieu t'accordera la victoire". Le juge a alors coupé le microphone et expulsé l'ancien président.

Les avocats de la défense boycottent le procès pour protester contre la nomination du juge due, selon eux, à une intervention du gouvernement. La défense est assurée par des avocats commis d'office mais que les accusés récusent.

Depuis le début du procès, les témoins décrivent, en des termes similaires, la fuite ou la mort des habitants après l'attaque de leurs villages aux armes chimiques, la séparation des familles, l'agonie des victimes volontairement mal soignées dans les hôpitaux et les conditions dégradantes de détention.

L'ancien président et Hassan al-Majid, surnommé Ali le chimique pour son rôle dans les bombardements chimiques des zones civiles, sont accusés de génocide. En outre, tous deux et les cinq autres accusés sont poursuivis pour crime de guerre et crime contre l'humanité contre les Kurdes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.