Dimanche 25 juin 2006 à 17h04
ANKARA, 25 juin 2006 (AFP) — Le principal parti pro-kurde de Turquie, souvent accusé de collusion avec la rébellion kurde armée, a amendé dimanche ses statuts pour se mettre en conformité avec la loi au cours d'un congrès à Ankara marqué par la participation d'observateurs nationalistes basques et irlandais.
Les dirigeants du Parti pour une société démocratique (DTP) ont voté l'abrogation du principe de coprésidence en vigueur depuis sa fondation en 2005 afin de rendre les statuts conformes à la loi sur les partis politiques, qui ne prévoit qu'un seul dirigeant élu, a rapporté l'agence de presse Anatolie.
Seul candidat à la présidence du parti, son ex-coprésident Ahmet Türk, un homme politique kurde chevronné plusieurs fois député, devait être élu sans difficulté dans la soirée.
Le premier congrès du DTP a été marqué par la présence d'invités étrangers tels que Gorka Elejabarrieta, du bureau international de Batasuna, bras politique du groupe indépendantiste basque armé ETA, et Philip McGuigan, du Sinn Fein, l'aile politique de l'Armée républicaine irlandaise (IRA).
L'ex-coprésidente du DTP Aysel Tugluk a profité de cette occasion pour appeler l'Etat turc à prendre modèle sur le gouvernement espagnol, qui doit entamer la semaine prochaine des dicussions avec l'ETA, pour résoudre la question kurde.
"Le dialogue assumé et accepté par le gouvernement espagnol et l'ETA est d'une importance vitale selon les conditions turques aussi", a déclaré Mme Tugluk, citée par Anatolie, appelant implicitement à des discussions entre Ankara et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Le DTP a été créé par d'anciens députés kurdes dont la plus connue, Mme Leyla Zana, a été emprisonnée pendant dix ans pour complicité avec le PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis.
Plusieurs maires DTP du Sud-Est de la Turquie, à majorité kurde, sont sous le coup de poursuites judiciaires, notamment pour apologie du terrorisme.
Les combats entre les forces de sécurité et le PKK ont fait plus de 37.000 morts depuis 1984.
Le DTP, qui n'est pas représenté au Parlement, milite pour les droits des Kurdes en Turquie et la levée du seuil de 10% des voix nécessaire aux législatives pour envoyer des députés à l'Assemblée nationale turque.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.